Lors d’un café littéraire à Port-Gentil (littoral sud), dédié à la promotion de la lecture et à un échange avec le public autour de ses œuvres, l’écrivain gabonais Alban Désiré Afene, a présenté à l’auditoire, essentiellement des amateurs de lecture, étudiants et acteurs culturels, son dernier ouvrage intitulé « L’Amant de Sangomar » qui explore la sexualité féminine au-delà des tabous sociaux. L’auteur a également saisi l’opportunité de cette rencontre pour passer en revue l’ensemble de sa production littéraire, inspirée par une écriture nourrie par les faits de société, l’histoire, la culture et l’engagement.

Avec ‘’L’Amant de Sangomar’’, Alban Désiré Afene plonge le lecteur dans l’intimité sexuelle et émotionnelle de Liliane Ntoma, qui, lors d’un voyage professionnel à Dakar, rencontre Moctar Lamine Sarr. Loin des regards de Libreville, cette relation lui permet de briser des années de frustrations et de barrières religieuses et morales.
Le roman aborde sans détour l’infidélité féminine, un sujet encore largement tabou dans une société où les règles sont souvent dictées par une vision « mal-pensante ». Sans en faire l’apologie, l’auteur esquisse les raisons pouvant conduire une femme à une transgression rarement pardonnée.
Auteur prolifique
Lauréat du Grand prix de la Francophonie aux États-Unis en 2025, l’écrivain gabonais Alban Désiré Afene est auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages, affirmant ainsi son engagement en faveur de la création littéraire, de la réflexion sociale et de la promotion de la lecture.
« J’écris depuis 2009, période de la sortie de mon premier roman Essona, paru aux éditions L’Harmattan. C’est un roman qui questionne le synchronisme de notre identité culturelle et cultuelle. Moi, je suis de ceux qui pensent que nous venons de quelque part et que nos traditions sont à célébrer », explique-t-il.
Dans ‘’Essona’’, Alban Désiré Afene raconte l’itinéraire d’une jeune fille élevée dans le milieu catholique, contrainte par les événements à renouer avec ses racines traditionnelles. Dans ‘’Lettre à ma rivale’’, un autre de ses ouvrages, il aborde le parcours des femmes devenues ‘’femmes de l’ombre’’, tchizas ou maîtresses et les jugements sociaux qui les accompagnent.
« Cela ne veut pas dire que c’est bien, allez-y, faites-le. Mais simplement, c’est comprendre la situation de l’autre, même si on ne partage pas la même vision », nuance et précise l’écrivain.
« En tant qu’homme initié, j’ai entendu beaucoup de choses à dormir debout qui n’ont pas leur place dans ce qui est rationnel. Dans Le ventre de la nuit, on explore la place qu’occupe la sorcellerie dans la société. Quand on observe notre société, on se rend compte que l’on va souvent chercher des réponses dans l’occultisme, quel que soit le problème », confie-t-il.

Les échanges avec le public ont porté sur les choix stylistiques, les sources d’inspiration et la place de la littérature dans la société. À l’endroit des jeunes auteurs, Alban Désiré Afene lance un avertissement.
« Il faut bien choisir sa maison d’édition et être sûr que le contrat va vous accompagner comme il le faut. Moi, je m’autopublie, car ma première maison d’édition ne m’a pas accompagné comme il le fallait », a exhorté Alban Désiré Afene avant de clore le café littéraire par une séance de dédicaces.
M.-O. Mignonne et Jean-Jacques Rovaria Djodji

