À quelques jours de la visite du président français Emmanuel Macron au Gabon du 23 au 24 novembre, un collectif d’étudiants gabonais en France a adressé à la rédaction de Gabonactu.com une série de notes pour alerter sur une situation qu’ils qualifient de « dramatique » : des centaines d’étudiants seraient volontairement privés de titre de séjour par l’administration française.
Selon le collectif, cette situation touche les étudiants boursiers de l’État gabonais pris en charge par Campus France, mais aussi ceux inscrits régulièrement dans les établissements français et qui, malgré toutes les pièces déposées, attendent leur carte de séjour pendant un ou deux ans. Un délai que beaucoup estiment « anormal » et « dévastateur ».
Une procédure dématérialisée, sans interlocuteur
Avec la dématérialisation complète des démarches en préfecture, les étudiants affirment n’avoir aucun interlocuteur humain pour répondre à leurs questions ou débloquer leurs dossiers.
« Le seul interlocuteur, c’est la machine. Et elle répète sans cesse : dossier en cours », témoignent-ils.
Cette absence de réponse plonge Les jeunes étudiants parfois mineurs vivant seuls dans une précarité totale : perte d’aides sociales, impossibilité de réaliser des stages obligatoires, des interdictions de travailler, difficultés à se loger, se soigner ou se déplacer.
Les conséquences sont inimaginables. Plusieurs étudiants témoignent avoir échoué dans leur cursus, faute de moyens pour subvenir à leurs besoins élémentaires.
« Beaucoup ont échoué parce que, privés de moyens de subsistance, ils ont plongé dans la détresse », déplore le collectif.
Des accords France–Gabon remis en question
Les étudiants s’interrogent sur la portée réelle des accords signés entre Libreville et Paris. Pourquoi, demandent-ils, les citoyens français disposent de facilités administratives au Gabon, alors que les Gabonais en France « se heurtent à un mur bureaucratique » ?
Ils dénoncent un traitement « déséquilibré » et « inéquitable » qui remet en cause l’esprit de coopération censé régir les relations entre les deux pays amis.
Appel à Brice Clotaire Oligui Nguema
Dans leur message, les étudiants lancent un appel solennel au président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, l’exhortant à faire de cette situation un point prioritaire de son entretien avec le président Macron.
« Faites-le, Monsieur le Président, pour nous sortir du piège dans lequel l’administration française nous enferme », écrivent-ils.
Le collectif précise qu’il est impossible d’établir une liste exhaustive des étudiants concernés, la procédure étant entièrement numérique et ne permettant aucun suivi personnalisé.
Les étudiants ne sont pas les seuls concernés. Les autres citoyens gabonais qui résident dans l’hexagone éprouvent les mêmes difficultés.
La France accueille près de 10 000 Gabonais, dont une très large majorité d’étudiants, ce qui confère à cette situation une dimension nationale majeure.
Carl Nsitou
