Lors du Conseil des ministres ce mercredi, à Paris, le président français, Emmanuel Macron, a livré un message particulièrement dur et direct : « parfois, ce sont les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants », selon des propos rapportés par la Porte-parole du gouvernement français, Maud Brégeon et relayés par nos confrères de l’Agence Française de Presse (AFP). Une déclaration choc qui intervient alors que la lutte contre le narcotrafic est redevenue un sujet brûlant au cœur du débat public, a-t-on appris.

En reprenant les mots du chef de l’État, Maud Brégeon a insisté sur la nécessité d’une politique ambitieuse de prévention « On ne peut pas déplorer d’un côté les morts et de l’autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail », a-t-il déclaré.
Pour Emmanuel Macron, la consommation de stupéfiants ne peut plus être considérée comme un acte anodin ou individuel : elle contribue directement au financement des réseaux criminels, y compris dans les milieux aisés des centres-villes. Une façon de rappeler que l’économie de la drogue ne repose pas uniquement sur les quartiers défavorisés, mais sur une demande qui traverse toutes les classes sociales.
Le président français a par ailleurs réaffirmé « la nécessité d’avoir une approche interministérielle, du très local à l’international », suggère-t-il, estimant que la lutte contre le narcotrafic ne peut plus se limiter aux seules forces de sécurité. Elle doit mobiliser les ministères de la Santé, de l’Éducation, de la Justice, des Finances, ainsi que les collectivités territoriales et les partenaires internationaux, instruit Emmanuel Macron.
La sortie du président français intervient dans un contexte lourd, marqué par l’assassinat jeudi dernier à Marseille de Mehdi Kessaci, 20 ans, frère d’Amine Kessaci, un jeune militant connu pour son engagement contre le narcotrafic, souligne l’AFP.
Ce meurtre, considéré par les enquêteurs comme un possible acte d’intimidation lié aux réseaux criminels, a profondément choqué l’opinion publique et réactivé la pression sur l’exécutif. Le ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a lui-même évoqué un « point de bascule ».
La déclaration d’Emmanuel Macron ouvre de nouveau la question sensible de la responsabilité des consommateurs. En désignant explicitement une partie des citoyens issus des classes moyennes et aisées, le chef de l’État français veut briser l’idée selon laquelle la lutte contre le narcotrafic ne concernerait pas que les « quartiers difficiles ».
Elliott Ana Merveille et Tryphène Lembah
*Source : Agence France Presse (AFP)
