Dans plusieurs quartiers, en particulier dans les zones périphériques de Port-Gentil, on observe une accumulation significative des déchets ménagers dans les rues, aux abords des marchés ainsi qu’à proximité des habitations. Cette situation résulte d’un manque de moyens logistiques adéquats ou d’un déficit de civisme, entraînant une collecte irrégulière des déchets. Les caniveaux se transforment alors en dépotoirs à ciel ouvert, obstruant les systèmes d’évacuation et favorisant la stagnation des eaux usées.
« Nous avons reçu une tractopelle et deux camions qui sont opérationnels. Nous collaborons avec Gabon Propre Service, envers lequel nous avons des arriérés importants ; cependant, cette entreprise rencontre parfois des limites, notamment lorsque certains employés démissionnent ou entrent en grève », a reconnu Pierre Rizogo Rousselot, délégué spécial chargé de la gestion de la commune de Port-Gentil, lors d’une interview.
Cette problématique s’explique en partie par l’insuffisance des infrastructures disponibles mais également par un manque de sensibilisation auprès de la population.

« La gestion des déchets constitue une responsabilité collective. Nous disposons de camions-bennes hors service depuis plusieurs années que nous tentons de remettre en état. Il est également impératif que les populations adoptent des comportements responsables, car l’utilisation efficace des bennes à ordures requiert une certaine discipline », a-t-il souligné
Un impact direct sur l’environnement
Les répercussions environnementales sont nombreuses et significatives. Les déchets plastiques, qui constituent une part considérable des ordures ménagères, se dégradent très lentement, entraînant une pollution persistante des sols et des cours d’eau. La présence de dépotoirs sauvages favorise la prolifération d’insectes et de rongeurs nuisibles, ce qui peut entraîner la dégradation des écosystèmes locaux.
Par ailleurs, la combustion non contrôlée des déchets dans certains quartiers génère des émissions de fumées toxiques, contribuant ainsi à la pollution atmosphérique. Ce phénomène intensifie le réchauffement local et détériore la qualité de l’air respiré par les habitants.
« Nous, populations, avons tendance à considérer les bennes comme des décharges à ciel ouvert ; il ne faut pas y jeter des objets combustibles tels que le plastique », souligne le directeur du service de Port-Gentil. Il rappelle également que « le chef de l’État a insisté sur la nécessité pour Port-Gentil de retrouver son prestige d’antan », un défi qu’il reconnaît devoir relever durablement.
Un danger pour la santé publique
L’insalubrité urbaine représente également une menace majeure pour la santé publique. Les eaux stagnantes deviennent des sites propices à la reproduction des moustiques vecteurs de maladies telles que le paludisme ou la dengue. De plus, les déchets organiques en décomposition attirent divers nuisibles et dégagent des gaz nocifs susceptibles de provoquer des affections respiratoires chez les populations exposées.
Les professionnels de santé alertent sur une recrudescence des maladies hydriques telles que le choléra et la typhoïde, fréquemment associées à la consommation d’eau contaminée. En réponse à cette situation préoccupante, diverses initiatives ont été mises en œuvre par des organisations de la société civile. Des campagnes régulières de nettoyage communautaire et de sensibilisation sont organisées afin d’encourager les populations à adopter des comportements responsables.
Pour lui, « la gestion de la propreté urbaine ne relève pas uniquement des agents municipaux de Port-Gentil. Chaque individu, qu’il soit homme, femme ou enfant, doit contribuer activement afin que la salubrité devienne la norme plutôt que l’insalubrité ».
Ces efforts nécessitent un renforcement par l’instauration d’une politique d’assainissement durable comprenant l’établissement de systèmes efficaces de collecte et de tri des déchets, l’installation de poubelles dans les zones à forte densité, l’application de sanctions contre les dépôts sauvages, ainsi qu’une éducation citoyenne à grande échelle.
La lutte contre l’insalubrité dépasse en effet le cadre local pour s’inscrire dans des enjeux nationaux liés à la santé publique, à la préservation de l’environnement et à l’amélioration de la qualité de vie. Préserver la propreté urbaine constitue également une démarche visant à protéger les générations futures et à favoriser un développement durable.
L’insalubrité ne se limite pas à un problème d’esthétique urbaine ; elle impacte profondément l’environnement, menace la santé publique et requiert une mobilisation collective impliquant citoyens ainsi que autorités locales et nationales pour être éradiquée durablement.
Jean-Jacques Rovaria Djodji