Législatives et locales 2025 à Port-Gentil :  l’UDB risque de perdre à cause d’une forte présence des transfuges du PDG parmi ses candidats, selon Féfé Onanga

La scène politique de Port-Gentil est en pleine effervescence depuis la montée en puissance de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB, parti au pouvoir). Présentée comme un parti porteur de changement et de renouveau, cette formation attire pourtant un grand nombre d’anciens militants et cadres du Parti démocratique gabonais (PDG), qui fut jusqu’à récemment le pilier du régime déchu. C’est dans ce contexte que Féfé Onanga, acteur politique local majeur, a décidé d’alerter certains membres de l’UDB, predisant un possible échec.

« Tous les ex-PDGistes présents dans l’UDB ne réussiront pas nécessairement. Les populations ne sont pas dupes et n’oublient rien. Je doute que Royembo puisse battre Apérano ou que Patrick Barbera Isaac soit élu député car il reste peu connu. Je ne vois pas non plus l’UDB obtenir deux députés ou même des sénateurs », estime avec conviction Féfé Onanga.

Depuis l’ouverture de la transition en 2023, Port-Gentil, la capitale économique du Gabon, est le centre d’une transformation politique profonde, à l’image des autres régions du pays. La disparition du PDG, jusqu’ici parti dominant, a créé un vide que plusieurs formations tentent ardemment de combler. Dans cette lutte pour le leadership, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) s’est rapidement imposée comme un refuge pour de nombreux anciens membres du PDG désireux de retrouver une place sur la scène politique. Cependant, cette forte présence d’ex-cadres du PDG soulève une véritable inquiétude : elle compromet l’image de renouveau que le parti cherche à promouvoir. L’UDB, qui devrait incarner une nouvelle ère politique, est malheureusement perçue comme une simple continuation déguisée du passé. 

Féfé Onanga, acteur politique incontournable de la scène port-gentillaise, n’hésite pas à utiliser un langage clair et sans ambiguïté pour dénoncer ce qu’il considère comme une véritable imposture politique. Dans ses propos, il met en garde les candidats de l’UDB face au risque réel d’un échec aux élections législatives et locales. Son analyse s’appuie sur des sondages révélant la volonté des populations de briser le masque derrière lequel se cachent, selon lui, les derniers représentants d’un système rejeté massivement.

Fidèle soutien de la politique de Brice Clotaire Oligui Nguema, il affirme que l’UDB ne constitue en rien une alternative crédible : « C’est un PDG bis, un refuge pour ceux qui ont contribué à la dérive de notre pays et qui cherchent aujourd’hui à se présenter comme réformateurs », a-t-il souligné lors d’une rencontre tenue chez lui. Cette prise de position est d’autant plus importante qu’elle reflète le rejet croissant d’une partie de la jeunesse et de la société civile envers des élites qui, malgré la transition politique, continuent à monopoliser le pouvoir.

Le choix des mots de cet acteur n’est pas fortuit ; il reflète parfaitement la colère sociale et les frustrations d’une jeunesse en quête de changement profond. Son analyse envers l’UDB révèle également une stratégie géopolitique claire, visant à opposer deux camps distincts : celui de l’authenticité contre celui d’une continuité déguisée.

« Toutes les divisions que connaissent les populations résultent du fait que chacun privilégie son intérêt personnel au détriment de celui de la collectivité, qui aspire pourtant à voir émerger de nouveaux acteurs politiques porteurs d’ambitions pour le développement local », souligne-t-il.

Cette situation dépasse largement Port-Gentil et met en exergue les défis majeurs liés à la transition démocratique au Gabon. Le phénomène classique du recyclage des élites dans les régimes post-autoritaires s’y manifeste avec éclat. À travers l’UDB, se joue un véritable affrontement entre désir de rupture et persistance des anciens réseaux. Ainsi, Port-Gentil, ville stratégique grâce à ses ressources pétrolières et son rôle de capitale économique, se transforme en un véritable laboratoire politique déterminant.

Les débats qui s’y tiennent résonnent bien au-delà des frontières locales : comment construire une gouvernance véritablement nouvelle lorsque les protagonistes de l’ancien régime continuent d’exercer leur emprise sur le paysage politique ?

« J’ai toujours soutenu Brice Clotaire Oligui Nguema, et je continuerai de le faire. Mais il est temps que tous les candidats cessent d’utiliser son nom comme un simple slogan pour espérer remporter la victoire. Qu’ils se battent réellement, car ces élections sont les leurs et constituent leur dernière opportunité », avertit fermement Féfé Onanga.  

Au-delà des divisions partisanes, ce conseil adressé aux acteurs de l’UDB soulève une interrogation cruciale : le Gabon sera-t-il capable de faire émerger de véritables alternatives politiques ou assistera-t-on une fois encore à un simple renouvellement des mêmes élites sous des façades différentes ? La réponse dépendra largement de la capacité des nouveaux acteurs à formuler une vision claire, à mobiliser la jeunesse et à dépasser les logiques claniques héritées du PDG. En ce sens, Port-Gentil se présente comme un laboratoire décisif pour l’avenir démocratique du pays et celui de l’UDB.

Camille Boussoughou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error

Vous aimez l'article? Merci de le partager.