Kevin G. a été placé sous mandat de dépôt le 29 mars 2024 à la maison d’arrêt de Port-Gentil pour vol avec usage d’une arme apparente. Sa détention préventive a révélé son implication dans plusieurs affaires connexes, au nombre de quatre. Du mardi 17 au mercredi 18 juin, ce jeune homme, âgé de 16 ans au moment des faits, a attiré l’attention du Tribunal pour enfants de Port-Gentil lors de sa session criminelle pendant deux jours, devenant ainsi la figure centrale parmi les nombreux jeunes détenus à la prison du château.
Son procès, tenu à huis clos en audience criminelle, a permis de reconstituer les faits liés aux quatre dossiers qui lui sont imputés. Il est important de souligner que ces infractions ont eu lieu sur une période rapprochée : bien que les victimes soient différentes, elles ont toutes été agressées dans un même secteur par le même groupe d’agresseurs, comprenant notamment deux complices nommés David et Davin, déjà cités dans plusieurs autres affaires en cours.
Le dernier acte reproché à Kevin remonte au 3 mars 2024 dans le quartier PG1 du 4e arrondissement de Port-Gentil. Ce jour-là, alors que M. Diaby Diawara, originaire d’Afrique de l’Ouest, s’apprêtait à jeter ses ordures ménagères, il a été pris en embuscade par une bande armée de couteaux, machettes et ciseaux, autant d’armes redoutables utilisées pour commettre ces actes.
Seul face à une horde de délinquants qui sèment le trouble et répandent la peur dans la capitale économique gabonaise, Diaby Diawara va se laisser faire au point de se faire dérober ses téléphones portables et quelques billets de banque avant qu’un membre de l’organisation criminelle ne fracasse une bouteille de jus et lui enjoigne de ne pas bouger au risque de se faire violemment poignarder à la gorge. Ils emportaient avec eux une sacoche contenant la somme de 30 000 FCFA et les téléphones portables de leur proie.

Le gang réussissant à fuir, seul Kevin G. malheureusement avait été appréhendé par les riverains pour être conduit au poste de police. Face aux enquêteurs, il n’a pas manqué de jeter l’opprobre sur un certain Ramsès, l’un de ses acolytes le jour du braquage pour lequel il l’a vu sortir le couteau pour influencer leur proie. Le Tribunal, en rendant sa décision dans cette affaire en audience criminelle non publique, a déclaré Kevin G., mineur lors de la commission des faits, coupable du crime de vol avec usage d’arme apparente en bande organisée, vu qu’il a reconnu avoir agi avec discernement.
Il a été condamné à une peine de 439 jours de réclusion criminelle, soit quatorze mois et dix-huit jours. Cependant, pour ce jeune garçon, cette période de détention sera un déclic lui permettant de revenir sur le droit chemin, et cette condamnation est une seconde chance non pas pour nier la douleur des victimes, mais pour qu’il tente un tant soit peu de se ressaisir.
Avec un père présent à peine physiquement depuis sa naissance, le conseil du jeune Kevin G., représenté par Me Dominique Ongonwou, avait estimé dans son réquisitoire la condamnation pure et simple du père de son client pour démission parentale. Un phénomène qui prend de l’ampleur au Gabon et à Port-Gentil en particulier, et pour lequel plusieurs mineurs incarcérés en sont des victimes.
« C’est bien facile de poursuivre les enfants, de dire que cet enfant a volé. Mais où était le père au moment où il fallait sévir, orienter, encadrer et payer la scolarité ? », se demande le conseil du jeune Kevin G. qui rajoute, ‹‹ je suis convaincue que vous aurez beaucoup moins de cas à traiter si les parents sont condamnés pour maltraitance, abandon ou négligence », oriente Dominique Ongonwou.
Avec une mère décédée en 2021 des suites d’une affection médicale et un père démissionnaire de ses responsabilités parentales, ce jeune Gabonais s’est lancé très tôt dans la consommation excessive de chanvre indien, de drogue, d’alcool et dans une sexualité sans pareille. Sa réinsertion sociale prévue par le Code de l’enfant est plus que nécessaire. Bien qu’ayant bénéficié de la liberté d’office, malheureusement, Kevin G. devra comparaître très prochainement dans un cinquième dossier introduit au parquet et pour lequel il a été cité par ses complices, mais il sortira en septembre prochain.
Jean-Jacques Rovaria Djodji
