Ce 8 juin marque le seizième anniversaire de la disparition d’Omar Bongo Ondimba, ancien président gabonais, figure emblématique de la politique africaine. Décédé en 2009 à l’âge de 73 ans à la suite d’une longue maladie, il a dirigé le Gabon pendant plus de 41 ans, ce qui en a fait l’un des chefs d’État les plus longtemps en fonction dans le monde.
À Libreville plusieurs cérémonies commémoratives sont prévues en hommage au successeur de Léon Mba à la tête du Gabon.
Un héritage contrasté

Omar Bongo a accédé au pouvoir en 1967, succédant à Léon Mba, premier président du Gabon. Sous son règne, le pays a connu une relative stabilité politique et est devenu l’un des États les plus prospères d’Afrique centrale grâce à ses ressources pétrolières. Il a su tisser des liens étroits avec l’ancienne puissance coloniale, la France, faisant de lui l’une des pièces maîtresses de la « Françafrique ».
Cependant, son long règne a également été critiqué pour son autoritarisme, le clientélisme et la gestion opaque des ressources publiques. Si ses partisans soulignent son rôle dans l’unité nationale et le développement des infrastructures, ses détracteurs dénoncent une concentration du pouvoir et des richesses au sein d’une élite restreinte.
Le Gabon post-Bongo
À sa mort, son fils Ali Bongo Ondimba lui a succédé en 2009 après une élection controversée, perpétuant ainsi la continuité dynastique du pouvoir jusqu’à sa chute en 2023, à la suite d’un coup d’État militaire. Depuis, le Gabon a connu une période de transition politique menée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema qui s’est emparé du pouvoir au lendemain du coup d’Etat du 30 août 2023.
Les autorités militaires ont organisé une élection présidentielle qui a marqué le retour à un ordre constitutionnel. Oligui Nguema a été plébiscité avec un score de plus de 94%.
Pour de nombreux Gabonais, le nom de Bongo reste indissociable de l’histoire contemporaine du pays. « Il fait partie de notre mémoire collective, qu’on l’admire ou qu’on le critique. On ne peut pas comprendre le Gabon d’aujourd’hui sans évoquer Omar Bongo« , confie un Etienne Ndong, étudiant au département d’histoire à l’Université Omar Bongo.
Une mémoire toujours vive
Seize ans après sa disparition, la figure d’Omar Bongo continue d’alimenter débats, recherches universitaires et réflexions politiques. Entre nostalgie, rancœurs et tentatives de réhabilitation, son héritage demeure un sujet complexe et sensible notamment au niveau du Parti démocratique gabonais (PDG), le parti qu’il a fondé le 12 mars 1968.
Le parti des masses ou le rouleau compresseur qui a maintenu Omar Bongo au pouvoir est considéré comme l’outil qui a détruit le pays à cause de la prédation érigée en mode de gouvernance par les cadres du parti.
À l’heure où le Gabon cherche un nouveau souffle plusieurs gabonais ont réclamé la dissolution du parti et l’exclusion de la vie publique de ses anciens hiérarques. Un discours que le nouvel homme fort du pays n’a pas forcément suivi pour maintenir l’unité nationale.
Carl Nsitou
