De Tianjin au nord de Pékin à Melen un faubourg de Libreville, l’équipe du docteur Sun Xin a arpenté les chemins de la soie pour une mission salvatrice au Gabon : ôter gratuitement et pour toujours, du 12 septembre au 2 octobre, la hernie auprès de 50 gabonais économiquement pauvres.
Vendredi 27 septembre 2024. C’est un jour d’espoir pour Pierre Engone Mba, âgé de 74 ans. Fonctionnaire à la retraite, il a déjà subi une double opération de la hernie et une autre de la prostate. Depuis un an, il est traumatisé par une récidive de la hernie.
Colosse d’environ 1,80 m, Pierre Engone Mba est arrivé à l’hôpital régional de Melen dès le petit matin. Question d’être l’un des premiers reçus. Son vœu est exaucé. Il est le premier patient consulté par le docteur Zhang Xin, un des deux chirurgiens de la mission en séjour professionnel d’une dizaine de jours dans ce pays pétrolier d’Afrique centrale par ailleurs riche en minerai de manganèse et en bois tropical.
Etalé sur le lit de consultation, M. Engone Mba montre volontiers ses parties intimes aux médecins chinois et au docteur Nganga Missoko, nom traditionnel du chirurgien gabonais qui opère quotidiennement dans cet hôpital situé dans un quartier pauvre de la capitale gabonaise. Nganga Missoko signifie « magicien » car pour certains vieux ouvrir le ventre d’un humain, retrouver la maladie, l’extraire puis refermer le ventre relève de la magie. Un nom que le médecin né Constantin Mihindou Moussavou adore bien.
Plaque anti-récidive
Moins de 5 minutes de consultations après, le patient descend du lit. Le docteur Zhang Xin a tout compris, le vieil homme fait face à une seconde récidive de la hernie. Il doit être opérer pour la 3ème fois de cette pathologie.
« Cela arrive très souvent », avoue le docteur Nganga Missoko. « Au Gabon, le taux de récidive est assez élevé parce que les médecins utilisent encore la méthode traditionnelle pour combattre ce phénomène », explique le docteur Sun Xin, directeur de la mission.
Le docteur Sun Xin est directeur adjoint de l’hôpital populaire de Tianjin. Spécialiste : médecine respiratoire.
Dans ses bagages, la délégation du docteur Sun Xin a apporté des « plaques ». « C’est extrêmement important pour éliminer définitivement les récidives », certifie-t-il.
« C’est une technologie connue des gabonais mais elle coûte trop chère c’est pour cela qu’on l’utilise de moins en moins », avoue le Dr Christiane Mengue M’Asseko épouse Olimbo Daouda, Directrice de l’hôpital de Melen.
Echange d’expériences
Dans le bloc-opératoire, une sexagénaire prête à être endormie. Autour d’elle, au moins 5 membres de la délégation chinoise, le docteur Nganga Missoko et six de ses assistants. La patiente souffre depuis plusieurs années de hernie qui l’empêche de vivre paisiblement. Elle ne peut plus parler mais avant d’être endormie elle affiche un courage et une détermination d’en découdre et surtout d’être enfin soulagée de cette maladie aux douleurs qui semblent étrangler le patient.
Le bistouri est entre les mains du Dr Nganga Missoko, plus de deux décennies d’expérience. Ses deux collègues chinois assistent, observent. « La science est la même », reconnait le Dr Zhang Xin. Le médecin gabonais explique à ses collègue chaque étape de l’opération. Les chinois sont très attentifs. A la fin, le Dr Zhang Xin lui tend la fameuse plaque. Dr Nganga Missoko la pose et explique l’emplacement et la position. Tout le monde applaudit dans le bloc. Mission accomplie. La patiente ne souffrira plus jamais de hernie.
« Nous aimons travailler avec les chinois parce qu’ils sont humbles », soupire le Dr Nganga Missoko qui vient d’ôter sa blouse verte.
Dr Zhang Xin à la manœuvre
Le 2ème patient à monter sur la table d’opération est un homme. Sa bourse est très bombée. Preuve qu’il en avait marre. Lui aussi a adhéré promptement à la mission salvatrice chinoise. Le Dr Zhang Xin prend les commandes. Il manipule le bistouri avec une aisance qui suscite l’admiration de l’équipe du Dr Nganga Missoko. « Les chinois sont pragmatiques, simples et cultivent la vertu comme nous », commente le médecin gabonais.
Dr Zhang Xin fait à nouveau une démonstration de la meilleure utilisation de la plaque anti récidive. Il s’agit d’une espèce de compresse fine portant des traces bleues. Les traces permettent au chirurgien de s’orienter dans le placement de ce support qui empêche de manière irréversible la résurgence d’une hernie.
Jumelage
La mission au Gabon a été possible grâce à un jumelage entre l’hôpital populaire de Tianjin et celui de Melen. Quelques médecins gabonais dont le Dr Nganga Missoko ont effectué un stage professionnel de 3 mois à Tianjin. L’arrivée de la mission médicale au Gabon est la matérialisation de cette coopération dynamique entre le Gabon et la Chine. Les deux pays ont établi leurs relations diplomatiques, il y a 50 ans, en avril 1974. La Chine est devenue le premier partenaire commercial du Gabon, ancienne colonie de la France.
Gabonactu.com & Xinhua