Face à la hausse inquiétante des cas d’infections aux maladies sexuellement transmissibles (IST) et au VIH-Sida à Port-Gentil, (littoral sud), le Centre de Traitement Ambulatoire (CTA) de la capitale économique a renforcé sa stratégie de prévention à travers une vaste campagne de sensibilisation, de dépistage et d’orientation destinée aux populations les plus exposées.

Depuis plusieurs jours les équipes du CTA multiplient les descentes de terrain dans divers quartiers de la ville. Samedi, c’est le quartier Salsa qui a accueilli la caravane de cette campagne mobile, marquée par des stands d’information, des causeries éducatives et des séances de dépistage volontaire et gratuit. Objectif, inciter le plus grand nombre à connaître son statut sérologique et à adopter des comportements responsables.
« Cette activité vise à faire le dépistage au maximum de personnes. Nous avons ciblé des principaux foyers dans lesquels il y a un maximum de personnes, et pendant ces moments nous faisons la sensibilisation. On renseigne les populations sur le VIH-Sida, on procède également à la distribution de préservatifs et des supports de communication sur le VIH Sida », explique la responsable du CTA de Port-Gentil, Dr Marie Renée Okili Abdoulaye-Ondéno.
Les responsables du Centre soulignent que la progression des cas de contamination actuellement observée s’explique par plusieurs facteurs : la banalisation des comportements à risque, une faible connaissance des modes de transmission, la diminution de la fréquentation des services de dépistage et la persistance des préjugés autour du VIH.
Cette campagne vise avant tout à ramener la prévention au plus près de la communauté en allant directement vers les groupes les plus exposés : jeunes, travailleurs de nuit, populations défavorisées, élèves et acteurs du secteur informel.
Les équipes du CTA mettent également l’accent sur l’éducation sanitaire : modes de transmission, moyens de protection, comportements sexuels responsables et possibilités de prise en charge. Port-Gentil, en raison de sa densité urbaine, de sa population jeune et de la mobilité liée au secteur pétrolier, figure parmi les zones prioritaires du ministère de la Santé.
« Lorsque nous faisons ce genre de campagne, nous faisons également des traitements de proximité parce qu’aujourd’hui le traitement n’est pas seulement curatif mais c’est également un traitement préventif. C’est un moyen de limiter la transmission au sein de la population », insiste le Dr Okili Abdoulaye-Ondéno.
Impliquer la population et lutter contre la stigmatisation
Selon la responsable du CTA de Port-Gentil, les informations qui circulent sur les réseaux sociaux sont des résultats de 2024, des résultats de 52 000 cas au niveau national. « À Port-Gentil, on a plus de 8 000 personnes inscrites au CTA. Et malheureusement nous avons près de 5 000 personnes perdues de vue », alerte-t-elle, soulignant l’urgence de ramener les patients à la prise en charge.
Le CTA prévoit de poursuivre ces actions tout au long de l’année afin de renforcer la vigilance et d’augmenter le nombre de dépistages. L’établissement appelle les habitants à soutenir les initiatives, à relayer les messages de prévention et à combattre la stigmatisation encore trop présente.

« J’ai l’habitude de faire mes tests après trois mois au point où c’est devenu une routine pour moi. J’ai attendu mon tour pour me faire dépister, bien que je le fasse très souvent mais on ne sait jamais, je me suis peut-être mal comportée entre-temps. C’est toujours mieux de connaître sa sérologie. Le Sida ne tue plus, le jugement des personnes nous tue. Que tu sois pauvre ou riche, va te faire dépister », a témoigné Émilienne Koumba, une des participantes à la campagne de sensibilisation.
Elliott Ana Merveille et Jean-Jacques Rovaria Djodji

