Eclairage public : PK 12 – Ntoum, plus de 20 km dans les ténèbres

Sur la Route nationale 1, le tronçon PK 12 – Ntoum, département du Komo-Mondah, demeure sans lampadaires sur une vingtaine de kilomètres. Une absence d’éclairage public qui accentue l’insécurité, la nuit tombée, complique la mobilité avec des accidents de circulation à la clé ; et dégrade considérablement la qualité de la vie dans la périphérie sud de la capitale gabonaise.

PK 12 – Ntoum est l’un des axes les plus empruntés de la Nationale 1 et une véritable colonne vertébrale du Grand Libreville. Et pourtant, du PK12 à Ntoum — en passant par Essassa, Nkoltang ou encore Okalassi — l’éclairage public reste absent. Une situation paradoxale pour une voie devenue à la fois commerciale et économique et à forte densité.

Au fil des ans, Libreville s’est naturellement étendue vers cette zone où le coût du foncier et du logement reste accessible pour beaucoup de gabonais travaillant dans le centre-ville. Une croissance démographique qui, en temps normal, devrait s’accompagner d’infrastructures et équipements socio-collectifs modernes, à commencer par la route. Mais la réalité est toute autre.

La pénombre et ses conséquences

À la tombée de la nuit, l’obscurité totale transforme le trajet en un défi quotidien. Pour les automobilistes, le danger est constant d’autant que la visibilité est soumise à rude épreuve. Pour les piétons, il est permanent. Les accidents sont fréquents et leur origine, souvent pointée du doigt : l’absence totale de lampadaires.

Même les transporteurs sub-urbains — les fameux clandos – indispensables dans cette zone où le transport officiel est rare renoncent à circuler dès que le soleil disparaît.« À partir de 20 heures, je ne roule plus. Trop dangereux. Tu ne vois rien, les trous, les voitures garées, les piétons Et si on tombe en panne ici, on est seuls », témoigne Jonas, chauffeur de clando depuis six ans sur l’axe PK12–Ntoum.

Résultat des courses : un manque criant de moyens de transport dès la nuit tombée. Les habitants, souvent des travailleurs rentrant tard du cœur de la capitale, se retrouvent à attendre pendant des heures ou à compter sur la générosité de conducteurs particuliers, les ‘’Jonas’’ ayant garé leurs clandos dès la tombée de la nuit.

Un quotidien épuisant pour les travailleurs

Pour beaucoup, vivre à Ntoum, Essassa ou Okalassi est un compromis de beaucoup de facteurs favorables. Mais les conditions de déplacement grèvent malheureusement les budgets et les embouteillages à longueur de journées en rajoutent au stress.

« Je travaille à Libreville, je finis souvent vers 19 heures. C’est l’angoisse. Quand tu arrives à PK12 et qu’il fait noir, tu pries pour trouver un clando. Sinon tu attends, parfois une heure, voire bien plus… et tu rentres épuisé. Pour ne pas faciliter les choses, le tronçon n’est pas éclairé », confie Mireille, employée dans une surface commerciale du centre-ville de Libreville. « On construit des maisons, des quartiers se développent mais la route reste la même. Sans lumière, avec toutes les autres complications, ce nest pas une vie », ajoute la quadragénaire, visiblement dépitée.

L’axe PK12–Ntoum illustre une problématique bien connue dans plusieurs périphéries urbaines du pays : le développement des zones d’habitation, sans infrastructures et commodités existentielles. Pendant que Libreville continue de s’étendre naturellement, la route, elle, reste figée dans l’obscurité.


Le tronçon de la Nationale 1 rappelle combien l’éclairage public — souvent perçu comme un détail — est en réalité une nécessité sociale, économique et sécuritaire. Les habitants, eux, continuent d’espérer qu’un jour, la lumière accompagnera enfin le développement inévitable et le bien-être dans cette partie du Komo-Mondah.

Au-delà du quotidien difficile, cette absence d’éclairage public pose un véritable frein à l’urbanisation. Les investisseurs hésitent, les commerces ferment tôt, et la forte dynamique de l’économique de la nuit s’essouffle.

Féeodora Madiba et Nkili Akieme

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