Pourquoi la session inaugurale de l’Assemblée nationale de la 5ème République aura-t-elle lieu à huis clos ?

Dans un communiqué officiel, le Secrétaire général de l’Assemblée nationale, Patrick Ndongo a annoncé que la session inaugurale de l’Assemblée nationale, dédiée à l’élection des membres du bureau, aura lieu à huis clos lundi prochain.

L’annonce n’est pas passée inaperçue. « Ca commence », s’est exclamé le député du parti Union nationale (UN), fraichement élu, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi.

L’ancien opposant à Ali Bongo devenu un proche de l’actuel chef de l’Etat Brice Clotaire Oligui Nguema a ajouté « Sur quel fondement juridique le Secrétaire Général de l’Assemblée Nationale décide-t-il que la séance « inaugurale » du 17 novembre 2025 se déroulera à Huis clos » ?

La question vaut son pesant d’or car par parallélisme de forme, sous le régime des Bongo décrit comme une dictature (56 ans au pouvoir, père et fils), les sessions inaugurales de l’Assemblée nationale étaient toujours ouvertes au public avec en prime, une retransmission en directe à la télévision nationale ainsi qu’à la radio nationale.

L’actuelle constitution votée par référendum du 16 novembre 2024, dans son article 88, prévoit la même disposition de retransmission en direct des cérémonies inaugurales du parlement (Assemblée nationale et Sénat).

Le Secrétaire général de l’Assemblée nationale, Patrick Ndongo s’est probablement fondé sur les dispositions de l’alinéa 4 de l’article 88 de la même constitution qui dispose en effet que « chaque Chambre du Parlement peut siéger à huis clos, à la demande, soit du Président de la République, soit d’un cinquième (1/5) de ses membres ».

Dans le cas d’espèce, est-ce le huis clos a été demandé par le président de la République, lui qui a été plébiscité par le peuple lors de la présidentielle du 12 avril dernier ? Ou par 1/5 des députés ?

Si c’est le président Brice Clotaire Oligui Nguema qui a sollicité ce huis clos, qu’a-t-il à cacher à son peuple alors même que le procès sensible de la gestion du pays par les Bongo est retransmis en direct par les médias avec le risque de révéler en direct les secrets d’Etat ?

Et si se sont les députés, à quelle date se sont-ils réunis pour prendre une telle décision alors qu’ils n’ont pas encore pris le service ?

La prompte réaction de l’honorable Jean Gaspard Ntoutoume Ayi est une alerte. Un avertissement prouvant que dominée à une écrasante majorité par l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), le parti fondé par Oligui Nguema, la première législature de la 5ème République promet des débats chauds et heurtés pour la vitalité de la démocratie gabonaise. Un peu comme l’a été le parlement de transition où une dizaine de députés et sénateurs tous nommés par les militaires ont donné de l’insomnie aux mêmes militaires.

Camille Boussoughou

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