John Marabane ingénieur développeur, a officiellement lancé vendredi à Libreville le Whaazs, une plateforme numérique 100 % africaine qui ambitionne de révolutionner la manière dont les créateurs de contenus, les entrepreneurs, les médias et les artistes monétisent leurs activités en ligne.
Pensée comme un réseau social rémunérateur, Whaazs mise sur la solidarité communautaire et l’autonomie financière des africains à travers trois modules : la levée de fonds participatifs, la monétisation des contenus et les boutiques digitales. Pour John Marabane, la première force de Whaazs réside dans la communauté. Si il y’a plus de 3 000 abonnés fidèles sur ses réseaux, il croit au potentiel du financement participatif à l’africaine.
« Si je lance un vrai projet, je suis sûr d’avoir au moins 1 000 personnes capables de contribuer à hauteur de 5 000 ou 10 000 francs chacune », explique-t-il.

Sur la plateforme chaque utilisateur peut créer une page de collecte pour financer une initiative de soutien aux orphelins, projet d’entreprise, action sociale, etc. Grâce à l’intégration du mobile money dans plus de 30 pays africains, les dons deviennent accessibles à tous, peu importe la localisation du contributeur.
« Quelqu’un en Côte d’Ivoire peut voir votre projet, être touché, et vous envoyer 500 francs via Wave, Airtel ou Orange Money », a expliqué le promoteur.
Deux options sont proposées : l’élan du cœur, pour les contributions solidaires ; le partenariat participatif, où les contributeurs deviennent co-investissement avec un pourcentage sur les bénéfices. Un modèle qui, selon lui, redéfinit le financement participatif en Afrique, en plaçant la confiance et la proximité au centre de l’économie numérique.
Le deuxième module de Whaazs vise à rendre enfin rentables les contenus africains. Le promoteur déplore le fait que sur YouTube ou TikTok, moins des créateurs africains perçoivent des revenus significatifs. « Pour gagner 1 000 dollars sur YouTube, il faut un million de vues. Et pour atteindre un million, il faut déjà avoir dépensé de l’argent », a-t-il déploré.
La plateforme vient casser ce modèle en permettant aux créateurs de fixer eux-mêmes la valeur de leurs publications via un système d’abonnement. Journalistes, blogueurs, artistes ou influenceurs peuvent ainsi proposer du contenu exclusif payants réservé à leurs abonnés.
« Une émission télé peut rester gratuite, mais ses coulisses ou le » making-of « peuvent être accessibles à 1 000 francs par mois », a justifié John Marabane.
Prenant un exemple sur un média comme « Gabonactu.com » pourrait, par exemple, offrir un aperçu gratuit d’un article et réserver la lecture complète aux abonnés via Whaazs.
Une manière de transformer l’audience en revenus durables tout en préservant l’indépendance éditoriale. Au-delà des abonnements, OAS introduit la possibilité pour les fans ou partenaires de soutenir directement leurs créateurs préférés grâce à des cagnottes mensuelles.
Une nouveauté qui encourage le mécénat numérique africain, où la générosité devient un moteur économique.
« Quelqu’un peut décider d’envoyer 10 000 ou 50 000 francs chaque mois pour soutenir un projet ou un artiste. C’est une économie du cœur », a déclaré le promoteur.
La dernière rubrique de la plateforme est la boutique en ligne, véritable vitrine du e-commerce africain.
« Ici, chacun peut vendre ses produits numériques sans passer par des plateformes étrangères. Je suis écrivain. Au lieu d’imprimer mes livres, je mets le PDF sur Whaazs pour 1 000 ou 2 000 francs. C’est plus accessible pour le public et plus rentable pour moi », a-t-il soutenu .
L’innovation va encore plus loin avec la fonction “direct payant”, qui permet d’organiser des concerts virtuels.
« Un artiste comme Fally Ipupa peut annoncer un concert à 5 000 francs, et si 200 000 personnes payent depuis toute l’Afrique, c’est un succès garanti », a-t-il illustré. Une option qui ouvre un nouvel horizon de rentabilité pour les artistes africains, souvent pénalisés par le piratage ou le manque d’accès aux scènes internationales.

L’application OAS, actuellement disponible en version web et APK téléchargeable, a été conçue pour une utilisation fluide et rapide.
Un simulateur de gains intégrés qui permet à chaque utilisateur d’estimer ses revenus potentiels selon le nombre d’abonnés et le prix du contenu.
John Maraban est revenu sur les débuts du projet, né il y a 10 ans sous le nom de » Gabaochat » après « Socialchrist ». L’entrepreneur ambitionne désormais de faire d’OAS la première plateforme sociale et économique panafricaine, capable de rivaliser avec les géants étrangers tout en restant ancrée dans les réalités locales. Il prévoit un voyage en France dans les prochains jours pour parler de ce projet.
« Whaazs, c’est l’Afrique qui gagne. C’est nous qui définissons notre valeur », a-t-il conclu.
Tryphene Lembah et Gorlain Koussou
