Le Président d’une des tendances du parti Réappropriation du Gabon, de son indépendance pour sa reconstruction (REAGIR), Michel Ongoudou Loundah, trouve que la création annoncée du parti du président de la République, le Rassemblement des bâtisseurs (RDB), ressemble à s’y méprendre au scénario qui avait conduit à la création du Parti démocratique gabonais (PDG) en 1968, dans la foulée de l’arrivée au pouvoir de feu le Président Omar Bongo. Présenté comme une armée de lutte contre les divisions ethniques et le tribalisme qui n’existaient nulle part, selon lui, le successeur de Léon Mba, avait fini par tuer la démocratie dans l’œuf et imposé le PDG comme parti unique.
Comme du copier-coller, l’histoire parait bégayer, aux yeux du Président de Régir, qui voit dans les circonstances de création d’un ‘’parti présidentiel’’ comme un billet retour vers le passé, à considérer ce qu’il qualifie de musellement des libertés politiques, autorisée par la nouvelle loi édictant les critères ‘’iniques’’ et ‘’drastiques’’ de création et de fonctionnement des partis politiques en République gabonaise.
« Le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguéma, a annoncé lui-même la création de sa propre formation politique. En parallèle, son gouvernement présente une nouvelle loi sur les partis politiques tellement restrictive que cela rendra quasiment impossible le maintien ou la création d’autres partis politiques. La coïncidence, si l’on peut parler de coïncidence, est tremblante. Quant à la stratégie, elle est très limpide », soupçonne Michel Ongoudou Loundah.

Dans une telle configuration, le Président de Réagir invite à se rendre à l’évidence que le Gabon s’éloigne des standards démocratiques, avec une pluralité qui ne le sera plus que de façade ; glissant dangereusement vers une gestion monolithique de l’espace publique et des libertés politiques.
« On resserre de manière drastique les conditions de création ou même tout simplement l’existence des partis politiques. Pendant ce temps, on travaille tranquillement à la mise en place d’un grand parti présidentiel qui va attirer les anciens, recycler les transhumants, récupérer les transfuges, tout en affaiblissant évidemment ce qui reste d’opposition », déplore-t-il.
En considération de ces observations, Ongoundou Loundah croit savoir que ce qui se prépare avec la création du RDB, est une reconstruction sournoise du parti unique. « Nous sommes donc là tout simplement en train de nous acheminer vers une situation déjà vécue avec un président de la République qui est en même temps chef de l’État, chef du gouvernement, chef de la majorité et, on croit, chef de l’opposition », déplore-t-il avec une pointe d’ironie.
Commercial de formation, ancien journaliste et Directeur de la publication du journal satirique ‘’La Griffe’’, Michel Ongoundou Loundah figurait dans la cohorte des candidats recalés pour dossier incomplet à la présidentielle du 12 avril dernier, sous la bannière de sa formation politique, Réagir. Il livre une chronique hebdomadaire au vitriol sur la gouvernance du pays post-transition.
Féeodora Madiba
