Insalubrité dans les marchés : Le mythe de Sisyphe

Tel un serpent de mer, l’insalubrité innommable dans les principaux marchés, aussi bien à Libreville qu’à l’intérieur du pays, apparaît comme une équation insoluble. Les équipes dirigeantes ont beau se succéder à la tête des municipalités, le problème de l’insalubrité dans les marchés se posent toujours avec autant d’acuité. Comme dans le mythe de Sisyphe.

Dans les allées encombrées des marchés populaires, il n’est pas rare de voir du poisson, de la viande, des légumes ou des fruits, à même le sol, exposés aux mouches, à la poussière et parfois même aux rats et autres bestioles. Une scène banalisée, mais lourde de conséquences.

Dans de nombreux marchés du Gabon, les produits proposés à la vente et à la consommation sont de toute évidence, souvent exposés à proximité de déchets en décomposition qui exhalent des odeurs nauséabondes. Une situation alarmante qui multiplie les risques de maladies.

Entre manque d’hygiène, insouciance, mauvaise organisation et laxisme des services d’hygiène et administratifs compétents, cette réalité pose la question de la sécurité alimentaire et de la responsabilité collective. « C’est une situation à haut risque sanitaire. Les denrées alimentaires exposées à de tels environnements sont potentiellement vectrices de maladies comme la typhoïde, la diarrhée ou le choléra », prévient Charles A., agent d’hygiène rencontré au marché de Nkembo, 2ème arrondissement de Libreville.

Malgré les efforts de certaines municipalités pour entretenir la propreté, les déchets s’accumulent en fin de journée, faute d’un système de collecte efficace et d’une prise de conscience collective. Les commerçants, souvent installés dans des zones non autorisées, contribuent largement à accentuer cette promiscuité flagrante entre vivres et détritus.

Le manque d’organisation et de sensibilisation des acteurs du commerce informel demeure également un frein à l’évolution des mentalités. « Il nous faut plus de bacs à ordures, mais aussi une vraie éducation à l’hygiène. Vendre de la nourriture, ce n’est pas seulement exposer des produits, c’est garantir la santé des clients », reconnait Jeannine O., vendeuse de légumes au marché de Mont-Bouët, le plus grand de la capitale, situé dans le 3ème arrondissement.

Les autorités sont donc appelées à redoubler d’efforts : réorganisation des espaces de vente, application stricte des normes sanitaires, sensibilisation de la population et, surtout, responsabilisation des commerçants. La sécurité alimentaire commence par un environnement propre. Il en va de la santé de tous.

Alph’-Whilem Eslie et Christina Thélin Ondo

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