Luanda première étape de l’exil d’Ali Bongo et après ?

Ali Bongo est parti. Avec lui, son épouse Sylvia et son fils Noureddin Bongo. L’exil a donc commencé pour l’ancien président gabonais renversé par un coup d’Etat militaire le 30 août 2023 quelques heures seulement après sa réélection pour un 3ème mandat.

Ce départ d’Ali Bongo vers l’exil à Luanda est une étape marquante, à la fois symbolique et stratégique, dans l’après-régime Bongo.

Pascal Lissouba du Congo avait entamé son exil par le Gabon avant de s’envoler plus loin. Mobutu Sesse Seko par le Togo avant le Maroc. Bref les exemples sont légions.

Qu’à cela ne tiennent le départ d’Ali Bongo qui pourrait se poursuivre vers Londres ou Rabat suscite plusieurs questions.

Un exil négocié, non imposé ?

Le départ d’Ali Bongo n’est pas une fuite précipitée, mais le résultat de négociations diplomatiques de haut niveau, avec l’implication directe de Joao Lourenço, président de l’Angola et président en exercice de l’Union africaine.

Le syndicat des chefs d’Etat a pesé lourd sur la balance. Lourenço a donc été le porte-voix. Pas étonnant sa visite éclair à Libreville le 12 mai dernier.

L’homme fort de Luanda était l’unique dirigeant africain qui a snobé le général Brice Clotaire Oligui Nguema durant toute la période de transition. Mais il est devenu le premier chef d’Etat à fouler le palais présidentiel de Libreville après l’investiture d’Oligui Nguema fraîchement élu pour un mandat de 7 ans.

Lourenço s’est aussi rendu à la résidence d’Ali Bongo à Libreville. Une visite révélatrice d’un accord conclu en coulisses.

Rôle décisif de Joao Lourenço

Lourenço semble avoir agi comme médiateur qui a obtenu un accord que personne d’autre n’avait pu auparavant. Toutes les institutions internationales se sont cassées les dents.

Oligui Nguema a aussi joué gros. Il a cédé aux pressions africaines et non occidentales. La relaxe en solo de Sylvia Bongo et Noureddin Bongo Valentin, l’épouse et le fils d’Ali Bongo a été protée au crédit de l’UA qui a fin avril levé toutes les sanctions contre le Gabon.

En accueillant Ali Bongo à Luanda, Joao Lourenço permet une sortie « honorable » pour l’ancien président, tout en stabilisant le climat politique gabonais.

Ce départ pourrait être perçu comme un tournant vers une nouvelle ère politique au Gabon. Toutefois, si le deal inclut une forme de protection pour la famille Bongo, cela pourrait frustrer une partie de la population qui attendait justice après des décennies de régime dynastique.

Les zones d’ombre du « deal »

Les interrogations sur la nature de l’accord qui a permis à Ali Bongo de quitter le pays restent entières : amnistie ou protection juridique ? Renoncement définitif à la vie politique ou au mercenariat ? Echange de silence ou de restitution partielle de biens ou de fonds ? Les interrogations sont nombreuses.

Carl Nsitou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error

Vous aimez l'article? Merci de le partager.