Le maquis intellectuel de Timothée Mémey (Tribune libre)

Petite excursion au cœur de l’argent toxique planqué dans des coffres forts. L’avènement du CTRI, le 30 août 2023, a permis la découverte, dans différents domiciles des bambins qui trônaient au bord de mer et autres grosses légumes faiseurs de rois,  d’immenses coffre-fort et la mise à nue des cantines et autres valises garnis de milliards de francs CFA, d’euros et de dollars. Signes patents d’un braquage sans précédent de l’État gabonais.

Comment les kleptomanes sont-ils parvenus à spolier, pince sans rire, le pays en multipliant les planques d’argent sous les radars, sans doute brouillés, des fins limiers du renseignement? Sans le renseignement, apprend-on, les États sont sourds et aveugles. Le renseignement, à sa décharge, n’a peut-être pas vu les choses venir. Pourtant des mécanismes existent pour prévenir un tel scandale digne des films de Coppola.

Les souvenirs me reviennent tel mon premier flirt il y a cinquante ans. Il y a plus d’une décennie, au moment où certains employés de  ces établissements spécialisés dans la vente des coffres forts révélaient, dans l’anonymat, que de hauts cadres du secteur public et grandes fortunes se ruaient vers l’achat de cet outil précieux, au point d’en créer la pénurie, c’est à ce  moment qu’on aurait compris que quelque chose de tordu se tramait dans l’ombre. Les coffres forts avaient disparu des présentoirs. On peinait à cerner le phénomène de cette soudaine pénurie.

Ni les banques commerciales, ni les services de renseignement encore moins l’Agence Nationale des investigations financières(ANIF) n’avaient pu comprendre le manège. La banque centrale, la banque des banques, elle aussi n’avait rien compris. Tous ont semble-t-il été enfarinés.

Comment autant d’argent a pu échapper au circuit bancaire pour être ensuite thésaurisé dans des domiciles sans que cela n’attire les soupçons de ces institutions de veille ? Curieux tout de même !  

A croire que toutes ces institutions étaient infestées de moutons noirs qui étaient autant de maillons de la chaîne des malfrats. La vente d’un coffre-fort  n’est pas aussi banale que l’achat d’un kleenex. Sans doute ces établissements de vente de ces tonnes de ferraille n’ont pas coopéré, histoire de protéger leurs clients.

Ce gâchis financier aurait pu être évité si la Commission de lutte contre l’enrichissement illicite se pliait entièrement au devoir de sa charge. Elle aurait pu, pour stopper ‘’les capitaux souterrains’’, mener des perquisitions dans des domiciles de toute personne investit de l’autorité de l’Etat.

Selon des indiscrétions puisées dans les poubelles de cette institution, une grosse main noire, sans doute prise de peur que le caca remonte à la surface et l’éclabousse en pleine gueule, aurait freiné cette approche pourtant légale.

Au fait, pendant que j’y pense, par quelle contorsion mécanique le groupe BGFIbank a pu ouvrir un compte de dépôt appartenant à L’Etat gabonais au point de devenir un trésor bis ?  Cette banque privée est même devenue plus puissante que l’Etat.

Comment une telle opération hasardeuse a pu échapper à la vigilance du comptable public qui est seul assermenté pour gérer les finances publiques  et le seul à rendre compte de sa gestion devant le juge financier qui, lui, procède à la réédition des comptes ?

Comment ce compte ouvert dans cette banque commerciale a pu échapper aux juges financiers ?

Le très puissant manager du groupe BGFI, lauréat du Forbes Awards 2023, doit expliquer à nous autres analphabètes dans ce qui de la doctrine bancaire, comment un compte de dépôt appartenant à l’Etat, peut-il être hébergé dans une banque commerciale.

Et la COBAC dans tout ce bordèle organisé, en tant que gendarme des banques, a-t-elle fermé les yeux ?

Pourtant depuis les attentats du 11  septembre, les institutions financières internationales ont posé ce qui est devenu la norme : contrôler tous les flux financiers afin de lutter contre les financements illicites des réseaux terroristes dormants.

Les banques centrales et sous régionales dont la BEAC se sont pliées à ce diktat. Donc, par quel mécanisme savant ces voleurs ont-ils réussi l’exploit de sortie massive d’argent qu’on a retrouvé dans des domiciles et dans des caveaux.

La COBAC devrait s’interroger sur un tel compte de l’Etat dans une banque commerciale, la Cour des comptes, la plus haute juridiction financière  en matière de contrôle des finances publiques, devrait elle aussi s’autosaisir.   

En finir avec l’argent noir, impose quatre exigences : l’exigence de l’origine des fonds afin de coller à ce que les spécialistes appellent ‘’la déclaration de soupçons’’; l’exigence de la réédition des comptes ; l’exigence de la prévention des risques et celle de la répression.

L’étoilé en chef et son CTRI ont vraiment du boulot. Au lieu de jeter l’argent dans des escapades populistes dispendieuses et inutiles, ils doivent  commencer par nous construire des prisons modernes en plus des infrastructures routières.

Toute une cargaison de potentiels prisonniers attendent impatiemment leur embastillement immédiat.  Ceci ‘’Pour notre essor vers la félicité’’.

Timothée Mémey, journaliste chroniqueur éditorialiste indépendant

One thought on “Le maquis intellectuel de Timothée Mémey (Tribune libre)

  1. Et comment se fait-il que les Mafiosos, Oyabi en premier lieu ne soient pas encore en prison? Tous les ministres d’Ali Bongo étaient au courant et devraient rendre des comptes à commcer par la Reine qui gérait le Ministère des Finances. Et que dire d’Ali Baba. pourtant apte pour voler des élections présidentielles et tout d’un coup moribond. Encore faut-il vraiment croire qu’Ali Bongo soit encore vivant. On peut mentir au peuple mais la vérité finira par sortir.

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