C’est l’escalade à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), où la tension monte d’un cran et les positions se figent davantage; alors que l’on s’achemine vers le 21 décembre 2023, date de la fin du préavis avant la paralysie générale annoncée par les ouvriers en colère après le rendez-vous manqué du 8 décembre dernier au sujet du non paiement des gratifications ou du 13ème mois.
Les propos tranchés, récemment tenus par le Président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguéma – ayant ouvertement pris fait et cause pour les administrateurs et abonnés SEEG donc la population – ne sont de toute évidence pas pour décrisper un climat social particulièrement vicié ; alourdi par l’interpellation de sept (7) délégués syndicaux de l’entreprise, retenus depuis 48h à la Direction générale de la contre ingérence et de la sécurité militaire, le fameux B2.
Défense des droits acquis et respect des engagements
Depuis, il y a comme une vague de sympathie dans l’opinion pour les syndicalistes interpellés et plus largement en faveur des agents de la SEEG qui menacent pourtant de prendre en otage tout le pays. Une coupure nationale d’eau et d’électricité pour des revendications internes ne fera pas des heureux dans le pays. Les gabonais savent qu’ils ont les pieds et les mains liés par la SEEG, l’unique fournisseur d’eau et d’électricité du pays.
Cependant, la privation de liberté des syndicalistes qui n’ont que fait revendiquer leurs droits conventionnels suscite la crainte sur la capacité des militaires au pouvoir de faire face à une contestation populaire.
S’il est vrai que l’image de la SEEG a depuis perdu de sa superbe, il ne reste pas moins vrai -soutiennent de nombreux observateurs- que les avantages sociaux des agents, notamment les gratifications, sont des droits acquis, dûment consignés dans une convention collective jamais remise en cause.
L’actuelle Direction générale a beau présenter la copie du piètre bilan financier au terme de l’exercice qui s’achève pour justifier l’engagement non tenu, n’empêche qu’on lui reproche -y compris à ses devancières après le départ de Véolia- une gouvernance approximative, avec la complaisance de l’État, actionnaire majoritaire.
Entre d’une part, l’État et l’administration de cette société privée et de l’autre, les travailleurs plus que jamais remontés et jusqu’auboutistes, ce sont les consommateurs qui risquent de trinquer si toutes les pistes du dialogue et de la désescalade ne sont pas explorées.
Dans chaque crise, il y a toujours une porte de sortie. C’est peut être au médiateur de la République ou au Vice-Président de la Transition d’en proposer une ou deux avant la date fatidique du 21 décembre, veille de la très adulée fête de la nativité.
Féeodora Madiba