Afrijet, la compagnie aérienne qui a actuellement le vent en poupe au Gabon et dans la sous région a annoncé des tarifs ultra réduits sur ses lignes intérieures gabonaises et régionales. 79 500 FCFA TTC en aller simple dans la région et 69 500 FCFA TTC aller simple au Gabon. Comment ça marche ? Marc Gaffajoli, Directeur général d’Afrijet répond à cœur ouvert.
Pourquoi vous avez décidé de lancer une campagne de promotions sur votre réseau domestique et régional à cette période de l’année ?
Cela participe du retour à une forme de « normalité », en sortie de crise sanitaire. Avant la crise de la Covid- 19, nous avions lancé avec un franc succès ces opérations de « déstockage », visant à proposer une partie de notre stock de places à l’avance à un prix préférentiel. De telles opérations ne sont possibles que lorsque vous avez une vision claire de votre programme à trois mois minimum (et idéalement à six). L’objectif est à la fois de stimuler un trafic d’opportunités et d’envoyer un signal à nos clients fidèles, qui voyagent avec nous toute l’année, en leur proposant des prix compétitifs.
Le principe de la promotion est simple, il évite les palabres et les déceptions : un prix unique pour un billet aller simple avec un bagage soute de 23 kgs sur le réseau régional (79’500 Francs CFA TTC) et un prix unique pour un billet aller simple avec un bagage soute sur le réseau domestique (69’500 Francs CFA TTC).
Depuis l’été 2021, Afrijet a prouvé par ses efforts continus en matière d’innovation tarifaire et de promotion, en dépit de l’absence de concurrence aérienne, qu’elle jouait totalement son rôle dans la maîtrise du coût de la vie et la relance de l’économie. Qui peut en dire autant ?
Comment est constitué le prix TTC d’un billet ? Quels sont vos leviers pour les réduire ?
Malheureusement, en Afrique plus qu’ailleurs, nous avons transformé les compagnies aériennes en collecteur de taxes et de redevances. Sur certaines destinations, les taxes et redevances représentent jusqu’à 65% du prix du billet sur les tarifs intermédiaires.
Si les passagers les payaient séparément, ils se rendraient compte que les compagnies sont les seules à faire des efforts tarifaires. Pourtant, elles doivent également financer leurs outils industriels. Il n’y a pas de grandes différences de montant entre une flotte d’avions et un aéroport. Comment font-elles ? Les compagnies aériennes sont les seules à faire des efforts de productivité pour rendre les prix attractifs, et, in fine, elles sont vues à tort comme les bénéficiaires de ces hausses.
De plus, les institutions publiques nationales ou régionales publient chaque année de façon non coordonnée de nouveaux barèmes avec des hausses de redevances, sans véritable débat contradictoire dans l’industrie.
J’aimerais revenir sur votre tribune portant sur vos trois vœux pour le développement d’une
aviation africaine. Êtes-vous confiant dans l’avenir du transport aérien africain ?
Si les décideurs politiques et économiques prennent conscience que sans transport aérien régional efficient, le développement du continent sera beaucoup plus long que prévu et qu’ils prennent les mesures adéquates, le transport aérien peut avoir trois belles décennies devant lui.
15% de la population de la planète ne vont pas durablement représenter 2,5% du trafic passagers mondial. Le potentiel est gigantesque. Encore faut-il les ressources en capital et en compétences. C’est sur ce point que les États doivent se concentrer, le secteur privé fera naturellement le reste. C’est le sens de mes deux premiers vœux : focaliser l’action publique sur la formation du transport aérien et le financement d’aéronefs. Le troisième vœu, c’est le plus difficilement atteignable, celui du pari de l’intelligence collective. En appelant à la constitution d’alliances panafricaines, j’ai lancé en direction de mes confrères du continent une vraie question.
Des premiers signaux se font jour, voyons si au cours de l’année, ils vont prendre de l’ampleur.
Propos recueillis par Camille Boussoughou