Zacharie Myboto, président de l’Union nationale © Gabonactu.com
Le Boa de Mounana, un des principaux animaux politiques de ces quatre dernières décennies au Gabon songe désormais à passer le témoin à une nouvelle génération afin de consacrer sa vie à ses petits-enfants et surtout à la ville de Mounana dont l’histoire se confond à son nom et son image, selon un de ses proches contacté par la rédaction de Gabonactu.com
Agé de 82 ans, le patriarche ne briguera plus un troisième mandat à la tête de l’Union nationale (UN, parti de l’opposition qu’il dirige depuis sa création en 2011). La révélation a été faite par l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique.
Un très proche de « Zack Power » a confirmé l’information. « Son second mandat a pris fin à la mi-mars. Nous attendons la fin de l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes pour organiser le prochain congrès électif », a confié à Gabonactu.com, Paul Marie Gondjout, cadre de l’Union nationale et gendre de Zacharie Myboto.
« Le président Myboto ne briguera pas un 3ème mandat », a-t-il insisté précisant que le parti se trouvera un successeur à l’homme qui avait accepté de saborder son parti, l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD).
L’Union nationale est née de la fusion de plusieurs partis dont l’UGDD, le MAD du défunt Pierre Claver Nzeng et le Parti National de Gerard Ella Nguéma.
Zacharie Myboto a amorcé sa sortie de la vie publique lors des élections législatives combinées aux locales d’octobre 2018. Il avait cédé son siège de député de Mounana à un de ses poulains. Un signal très fort.
Instituteur, Zacharie Myboto n’est pas un vendeur de tomates. Il a dirigé le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) en qualité de Secrétaire administratif, l’équivalent de l’actuel Secrétaire général de 1972 à 1990. Homme pondéré, il a été membre de tous les gouvernements successifs de 1978 à 2001.
Après avoir démissionné du gouvernement en 2001, il démissionne du PDG en mai 2005 et fonde l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDG).
Devenu un des opposants farouches au système dont il était un des bâtisseurs, il brigue le fauteuil présidentiel en décembre 2005 mais ne parvient pas à terrasser Omar Bongo Ondimba le maître des lieux.
A la mort d’Omar Bongo Ondimba, Zacharie Myboto tente sa chance à une seconde reprise. Il ne recueille que 3,94% voix. Ce score ridicule qu’il conteste ne l’ébranle pas. Il rassemble plusieurs opposants au régime au sein de l’Union nationale dont un certain André Mba Obame.
La mort d’André Mba Obame le 12 avril 2015 à Yaoundé au Cameroun a sévèrement cassé la dynamique de prise de pouvoir impulsé par l’Union nationale. En 2016, le parti jette Casimir Oyé Mba à la conquête du pouvoir suprême. Après quelques jours de campagne, le candidat de l’UN ne décolle pas face à Ali Bongo Ondimba candidat à sa propre succession.
Zacharie Myboto jouera alors son dernier tour de magie. Il réussira au terme d’un secret huis clos à son domicile de la Sablière de coaliser plusieurs candidats au scrutin présidentiel d’août 2016 contre le président sortant. Jean Ping est désigné candidat unique de l’opposition. Myboto joue un véritable rôle de patriarche et guette tous les pas de son poulain Ping dont le destin présidentiel semblait devenir une évidence.
Carl Nsitou