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Libreville, 7 septembre (Gabonactu.com) – Pierre Founguès, la cinquantaine révolue, jusque-là journaliste et animateur à Radio Gabon, s’est donné la mort, dans la nuit de jeudi à vendredi, arborant le drapeau gabonais, dans son bureau pour protester et dire son dépit contre la privation de salaire dont il est l’objet depuis 15 mois.
Selon des sources concordantes, il a laissé un testament dans lequel on pouvait lire « Ma vie a commencé ici et s’arrête ici. Je laisse la souffrance, la misère. Que Dieu veille sur mes enfants ». Triste et écœurant testament ! Sans nul doute le ministère de la Communication se dépêchera de payer à son épouse et à ses enfants les bénéfices de son sacrifice.
En plus de ses impayés salariaux, il accumulait 13 mois d’impayés de frais de production, explique une source.
Devenu Sdf (sans domicile fixe), l’animateur émérite qui trainait près de 40 années de boite logeait dans son bureau depuis quelques temps, apprend-t-on.
Le stress lié à l’approche de la rentrée des classes, ajouté au chagrin accumulé depuis plus d’un an en raison des impayés de salaires serait le déclencheur de son acte qui laisse le monde de la Communication gabonaise en émoi.
Ce drame qui, outre-mer, aurait suscité une interpellation du directeur de la structure et peut-être la démission du ministre de tutelle n’a arraché qu’une simple phrase sans incidence à Guy-Bertrand Mapangou, ancien journaliste, chef de ce département ministériel.
Selon nos confrères de l’Agence gabonaise de presse (AGP), le ministre a juste « appelé au recueillement » des agents du média dans lequel Pierre Founguès prestait.
Le suicide du confrère intervient à la veille d’une assemblée générale de la centrale syndicale Syprocom dont il était membre. Les questions d’impayés de salaires des agents de la main d’œuvre non permanente étaient à l’ordre du jour, indique une source.
La situation de désespoir qui a poussé Pierre Founguès à tirer sa révérence n’est pas isolée. 35 anciens agents de l’Agence gabonaise de presse (AGP) vivent aussi le même calvaire.
Licenciés abusivement fin décembre 2017, les martyrs ont débuté leur 16e mois sans sou à l’indifférence totale du directeur de l’AGP et du ministre de tutelle qui, il y a un mois, avait jugé utile de lancer ses « gorilles » sur ceux qui manifestaient pacifiquement devant ses bureaux.
Il s’était d’ailleurs montré très méprisant vis-à-vis de ces compatriotes qui font déjà des cauchemars pour la scolarisation de leur progéniture dans quelques semaines, les traitant de « sauvages ».
Camille Boussoughou