Emmanuel Macron et Marine Le Pen les deux finalistes de la présidentielle française 2017 @ DR
Libreville, 24 avril (Gabonactu.com) – Les français ont décidé. C’est Marine Le Pen et Emmanuel Macron qui s’affronteront au 2ème tour le 7 mai prochain pour succéder à François Hollande, le président français sortant qui n’a pas pu zigouiller la Françafrique, un vieux machin qui a toujours pourri les relations entre la France et l’Afrique francophone.
Ce n’est d’ailleurs pas une surprise. Les sondages, cette fois-ci ne se sont pas lamentablement trompés : Marine Le Pen et Emmanuel Macron arrivent en tête du scrutin sur 11 candidats. Exit François Fillon, Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon, les autres candidats les plus surveillés dans les palais présidentiels d’Afrique francophone.
Impossible pour les africains de l’espace francophone d’ignorer la recomposition politique qui se déroule actuellement dans la métropole. Pour une fois depuis plusieurs années, les français vont offrir au monde et surtout à l’Afrique un chef de l’Etat qui ne soit pas de la droite traditionnelle ou de la gauche telle qu’on l’a connu avec François Mitterrand et François Hollande.
Emmanuel Macron, bien qu’ayant appartenu à un gouvernement de gauche ressemble à un animal hybride : pas vraiment du Parti socialiste mais pas aussi de la droite des gaullistes. Marine Le Pen est tout le contraire des deux camps politiques françaises qui ont toujours commercé sinon « businessé » avec l’Afrique. Elle c’est l’extrême droite qui a toujours fait peur aux africains. Son discours, on le sait n’a jamais été lisse et tendre pour le continent noir qui dispose d’un important contingent d’immigrés dans l’hexagone.
C’est malheureusement ou heureusement l’un de ces personnages nouveaux qui arrivera à l’Elysée au lendemain du scrutin du 7 mai 2017.
Chacun d’eux a un petit point positif sur l’Afrique. Macron a effectué une visite en Afrique en Février 2017. Il était précisément en Algérie. Son discours sur la colonisation restera dans les annales de l’histoire africaine. « La colonisation française est un crime contre l’humanité», avait affirmé le candidat d’En marche, dans un entretien avec la chaîne de télévision algérienne Echourouk News.
Tous les africains ont applaudit ce discours, cette prise de position qui a mis à mal le discours traditionnel de la France sur ce passé douloureux. La preuve, pendant que les africains se sentaient soulagés, la classe politique française désapprouvait et accusait Macron d’être un irresponsable.
Ce même Macron n’avait suscité aucune réprobation de la classe politique française lorsqu’il affirmait en novembre 2016 dans Le Point : « Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie ».
Cette citation est certainement la pensée profonde de Macron sur l’Afrique, un continent qu’il ne connait certainement pas du tout.
Quant à Marine Le Pen, son seul petit bon point c’est son dernier voyage au Tchad. L’unique voyage d’un des onze candidats en Afrique centrale. Officiellement, elle était venue à la rencontre des soldats français mais les africains savent qu’elle avait d’autres intérêts derrière. Les bonnes pratiques de la Françafrique certainement.
La françafrique, en effet, c’est l’expédition vers la métropole des mallettes d’argent en échange de la sécurité du fauteuil présidentiel de son occupant. La Françafrique c’est enfin le clair-obscur sur l’exploitation des matières premières de l’Afrique contre une fois de plus la sécurité du fauteuil présidentiel de son occupant.
Dans un cas comme dans l’autre, la Françafrique sert à la fois les intérêts personnels de quelques dirigeants français et aussi de toute la France. C’est donc un bonus généralement qui échappe au fisc et aux règles de l’Europe, elle-même volontairement peu regardante.
Macron se passera-t-il des avantages de la Françafrique ? Le Pen également ? Pas si certain par ces temps de crise. Une fois au pouvoir, le futur élu fera probablement comme Nicolas Sarkozy ou Hollande qui ont promis mettre à mort ces réseaux mafieux sans le faire. Réal politique oblige !
Daniel Etienne