Le journaliste Jonas Moulenda @ DR
Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Ouvrant le 17 juin courant le procès de l’affaire Yolande Nyonda contre le journal « Faits Divers », le parquet de Libreville a requis 6 mois d’emprisonnement avec sursis contre Jonas Moulenda, auteur de l’article diffamatoire contre Yolanda Nyonda, paru dans l’hebdomadaire «Faits Divers» du 22 avril 2016.
Dans un article pour le moins orienté, Yolande Nyonda, avait été citée comme commanditaire dans une sulfureuse affaire de « crime rituel » à Fougoumou (sud du pays). Un jeune élève de la localité nommé Etienne Doumabila Malata est porté disparu depuis le mois d’avril dernier. Une disparition qui a jeté l’émoi et a créé la peur dans la conscience collective des populations du cru. S’estimant diffamée, Mme Nyonda avait porté plainte pour que la lumière soit faite sur cette affaire infâme qui défraie la chronique. Une double plainte : « au Gabon et France » contre le journaliste gabonais Jonas Moulenda établit à Partis depuis bientôt deux ans. Le premier procès commence au parquet de Libreville avant celui de Paris.
Déroulement du procès
Palais de Justice de Libreville, le 17 juin 2016. Il est presque 9 heures passées de 30 minutes. L’effervescence est palpable. Les hommes et femmes en toges noires défilent. A l’entrée comme dans le hall, ça grouille de monde. 73 affaires sont inscrites au rôle de ce vendredi. C’est que, ce même jour, il était aussi prévu l’audience de l’affaire opposant le gouvernement gabonais contre Jean Ping, pour « troubles à l’ordre public, incitation à la haine, à la révolte… ». Idem pour le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, qui a aussi bombardé une plainte toujours contre la même personne (Ping), pour les mêmes faits. Et dans la salle des audiences correctionnelles, les travées sont déjà prises d’assaut. Les magistrats bien assis, chacun à sa place respective. Idem pour les avocats des différentes parties. Le décor est planté. Et l’on pouvait passer aux choses sérieuses avec la lecture des décisions des dossiers déjà traités.
L’effervescence du jour n’est pas simplement concentrée sur l’affaire de Ping. Bien au contraire, il y a une autre affaire toute aussi palpitante, celle qui oppose Yolande Nyonda au journal «Faits Divers», qui l’a accusé sans preuves sérieuses comme on a pu le constater dans son édition du 22 avril dernier, dans un article jugé attentatoire à son honorabilité, intitulé : «Yolande Nyonda citée comme commanditaire d’un crime rituel à Fougamou». Après donc l’égrenage des dossiers en instance, à 10 heures 23 minutes, la présidente du tribunal demande une pose avant d’entamer le gros morceau du jour avec les affaires retenues au rôle.
Les plaidoiries
De retour dans la salle d’audience, les magistrats passent au cas par cas les affaires. Lorsqu’autour de 13 heures, les supporters de Jean Ping sortent de ladite salle, car l’affaire de leur champion a été renvoyée à une date ultérieure, on appelle l’affaire Yolande Nyonda contre le journal «Faits Divers». Les travées de la salle sont toujours bondées, c’est que l’affaire passionne. De là, la présidente du tribunal donne le ton en appelant la partie plaignante, avec dame Yolande Nyonda, pour dire avec ses mots ce qu’elle reproche au journal «Faits Divers» et surtout au rédacteur de l’article, Jonas Moulenda. Sans fioritures, dame Yolande Nyonda va dire tout ce qu’elle subit comme traumatisme et déshonneur depuis la parution de cet article.
Après le récit de la plaignante, la présidente du tribunal a donné la parole à ses avocats, parmi lesquels François Pudowski inscrit au barreau de Paris, est parti expressément des bords de la Seine. Le premier à prendre la parole, Me Bongho Mavoungou, avec sa fougue de jeune parmi le quatuor a planté le décor, en décortiquant avec la manière l’objet de la diffamation contenue dans cet article publié par «Faits Divers». Avec les éléments en sa possession, Me Bongho Mavoungou a étayé sa plaidoirie. Après le passage fort remarqué de Me Bongho Mavoungou, le tour est revenu à son confrère parisien (…) de faire la démonstration de la diffamation de Jonas Moulenda. Cet avocat parisien, au fait de l’affaire a disséqué point par point le délit reproché au journal «Faits Divers», mais surtout à son auteur, qui, depuis la France où il se trouve, ferait preuve de «mauvaise foi et dans la mythomanie».
Le prenant au mot, Me Ndimine qui a rappelé certains principes qui doivent toujours guider un journaliste qui se veut sérieux, a abondé dans le même sens que son confrère parisien. Mieux, face à l’infamie et à l’opprobre jetées contre sa cliente, il a réclamé 50 millions de F CFA de dommages intérêts. Quant à Me Akoumbou M’Olouna, il n’a fait qu’enfoncer le journal «Faits Divers» et Jonas Moulenda, qu’il a qualifié de «journaliste récidiviste». Pour cela, Me Akoumbou a demandé au tribunal de sanctionner le confrère avec la manière, histoire de l’empêcher de ne plus continuer à nuire aux «paisibles citoyens».
La peine requise
Pour la défense des intérêts de «Faits Divers», Me Mbourou-Y-Djako, qui a été dans l’incapacité d’apporter la moindre preuve qui aurait contredit la plaignante, a déclaré que cette dernière n’avait pas besoin d’un procès en diffamation par voie de presse, il lui suffisait simplement d’un droit de réponse. Embarrassé, l’avocat de «Faits Divers», tout en reconnaissant que dame Yolande Nyonda est une «femme politique, une technocrate de haut vol, une personnalité publique et une femme respectable», il a plaidé pour la clémence du tribunal. Ce qui n’est pas de l’avis du ministère public qui a requis à l’endroit de l’auteur de l’article Jonas Moulenda, une peine de 6 mois d’emprisonnement avec sursis et une amende de 500 000 F CFA contre le journal « Faits Divers».
Le délibéré a été renvoyé à l’audience de vacation. Après, presque deux heures des débats, autour de 15 heures, l’audience a pris fin. La salle s’est vidée d’une grande partie de son monde, en grande partie constituée par les proches de Yolande Nyonda qui tenaient à lui manifester leur soutien moral. Et, à la sortie, on a vu une certaine satisfaction affichée par les avocats de la partie plaignante.
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