Jacques Denis Tsanga ministre des Eaux et forêts et le coordonnateur de la FAO en Afrique centrale, Hélder Muteia @ FAO
Libreville, 18 juillet (Gabonactu.com) – Le Coordonnateur du bureau sous-régional de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Hélder Muteia et le Ministre gabonais des Eaux et Forêts, en charge de l’Environnement et du développement durable, Jacques Denis Tsanga, ont signé mercredi à Libreville, un accord de coopération pour lutter contre la faim, la malnutrition et la pauvreté grâce à la mise en œuvre d’un projet de «Gestion durable de la faune sauvage pour l’amélioration des conditions de vie des populations locales».
D’un montant approximatif de 3 500 000 US Dollar sur une durée de cinq ans, le projet concerné s’inscrit dans le cadre du programme global « Gestion Durable de la Faune », une initiative financée par la Commission Européenne dans le cadre de la stratégie intra-ACP du 11ème FED. En Afrique centrale, il concerne le Gabon, la République Démocratique du Congo et la République du Congo.
Ce programme présente le double objectif de conserver la faune sauvage, les écosystèmes et les services qu’ils rendent, tout en améliorant les conditions de vie et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations qui dépendent de ces ressources pour leur bien-être. Pour cela, il vise plus spécifiquement à expérimenter une exploitation légale et durable des populations d’espèces animales résilientes à la chasse par les populations rurales et autochtones, tout en augmentant ou en diversifiant les apports en protéines provenant de sources alternatives.
Au Gabon, le projet sera mis en œuvre par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le Développement (CIRAD), sous la supervision de la FAO, maitre d’ouvrage du programme et en collaboration avec les deux autres partenaires du consortium concepteur du programme, le Centre pour la Recherche Internationale en Foresterie (CIFOR) et la Wildlife Conservation Society (WCS).
Sécuriser l’accès à la faune sauvage par les populations les plus vulnérables
Au Gabon, le projet opèrera sur le site pilote du Département de Mouloundou, dans la province de l’Ogooué-Lolo, pour tester le modèle spécifique de « gestion durable de la chasse villageoise dans le bassin d’approvisionnement en venaison d’une petite ville secondaire, dans un contexte de faible densité humaine ». Sur ce site, les populations rurales dépendent encore fortement de la chasse et de la pêche pour leur sécurité alimentaire et nutritionnelle, mais aussi pour leurs revenus, du fait de l’enclavement et des opportunités économiques limitées. Néanmoins, la faible densité de population humaine, commune à de nombreuses zones rurales du Gabon, et des populations fauniques encore relativement riches et abondantes, suggèrent que les conditions d’une exploitation durable des ressources fauniques pour combler les besoins alimentaires des populations rurales du site semblent pouvoir être réunies.
Pérenniser les stocks de gibier et sécuriser l’accès à la faune et son utilisation par les populations rurales les plus vulnérables, sans porter préjudice à la conservation de la biodiversité, nécessitera cependant de mettre en place des pratiques de chasse et de pêche appropriées permettant de prélever uniquement les espèces les plus résilientes sans excéder la productivité du milieu, et de contenir la demande extérieure dans des limites raisonnables. Autant de défis que le projet se propose de relever en étroite collaboration avec les services de l’Etat concernés et les populations bénéficiaires, dans une démarche participative et respectueuse des droits des communautés.
Pour sa part, Jacques-Denis Tsanga, le Ministre des Eaux et Forêts, Chargé de l’Environnement et du Développement durable, a dit l’intérêt de poursuivre avec la FAO le cadre de partenariat lié aux questions de préservation et conservation. Il a déclaré: « Le Gouvernement de la République du Gabon a à cœur de promouvoir un développement qui valorise de multiples façons son capital naturel exceptionnel – tout en le respectant – au bénéfice, en premier lieu, du bien-être des populations. Nous nous réjouissons a-t-il dit de ce que de ce projet s’inscrit dans cette vision ».
Promouvoir des sources de protéines alternatives efficaces et durables
Afin de compenser les pertes potentielles d’apports en protéines et autres nutriments essentiels aux populations rurales qui pourraient résulter d’un approvisionnement rationalisé et contrôlé en ‘viande de brousse’, le projet déploiera une stratégie complémentaire visant à associer aux efforts de gestion durable de la chasse, de la pêche et du commerce des produits associés, un appui au développement de systèmes de production et/ou d’approvisionnement en protéines d’origine domestique. Cet appui reposera sur une compréhension approfondie des systèmes alimentaires carnés au niveau local et des opportunités et contraintes pour développer des systèmes de production locaux afin d’orienter ensuite les appuis ciblés à des projets pilotes d’élevage et/ou de pisciculture qui soient à la fois efficaces, durables et culturellement acceptables. Le projet tirera les leçons de toutes ses activités pour proposer des outils et approches à même de garantir la durabilité des acquis du projet et de faciliter la réplication des expériences réussies sur d’autres sites au Gabon ou ailleurs.
Helder Muteia, Coordonnateur du Bureau Sous-régional pour l’Afrique centrale et Représentant de la FAO au Gabon, a déclaré: « Le projet repose sur une approche intégrée innovante pour relever des enjeux de taille, jusqu’ici souvent considérés comme contradictoires, à savoir la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la préservation de la biodiversité. Au regard de ces enjeux, la FAO et ses partenaires sont heureux de pouvoir mettre au service du Gabon des expertises multidisciplinaires et multi-sectorielles dans le cadre de ce projet ambitieux. »
Le projet contribuera à la réalisation de plusieurs Objectifs de développement durable (ODD) liés à la sécurité alimentaire, à la gestion durable des terres et à la protection de la biodiversité, notamment à l’ODD 15, selon lequel cette année « le braconnage et le trafic d’animaux sauvages restent de vives sources d’inquiétude ».