Une vue de la présence militaire dans le site d’Onal @ DR
Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Les salariés de la société Maurel & Prom, attaqués au gaz lacrymogène par un contingent de policiers et gendarmes dépêchés sur le champ pétrolier d’Onal proche de Lambaréné exigent désormais le départ de leur Directeur général, Christophe Blanc, avant la réouverture des négociations suite à l’arrêt total de la production d’or noir effective depuis mercredi soir alors que le préavis de grève a expiré mardi, a appris Gabonactu.com
Les policiers et gendarmes ont bataillé à coup de bombes lacrymogènes pour prendre les commandes de la salle de contrôle du champ pétrolier, selon des sources proches de l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP, le syndicat qui a ordonné l’arrêt de la production).
La force publique aurait procédé aux sommations mais les ouvriers assis dans la salle de contrôle observaient le travail du huissier de justice dépêché sur place par la direction de l’entreprise. Impatient, les policiers et gendarmes sont passés à l’action. Ils ont brutalisé le personnel en le sommant de monter de force dans leur camion.
Sur une vidéo remis à la presse, l’on observe les agents en combinaison orange supplier les soldats de ne pas les brutaliser. Tous sont finalement montés dans le camion militaire avant d’être parqué dans une base vie. Ils ont finalement retrouvé leur liberté dans la journée.
L’ONEP a ordonné l’arrêt de la production suite, selon elle, à l’échec des pourparlers sur le cahier des charges des agents. Ces derniers réclament une indemnité de bonne séparation suite au rachat de la société par le groupe indonésien Pertamina. Les salariés exigent le paiement de 6 mois de salaire brut à chaque agent par année d’ancienneté avant la fin de la transition entre Maurel & Prom et le nouvel repreneur.
La direction n’a pas accepté cette exigence, préférant léguer ce passif à Pertamina. La direction a aussi refusé de soumettre à l’ONEP le dossier de tout le personnel expatrié dont certains sont soupçonnés de travailler sans autorisation ou à des postes prévus pour des gabonais. Maurel & Prom aurait aussi refusé de payer des heures de travail revendiquées par le personnel.
Les salariés qui ne supportent plus le comportement « esclavagiste » de leur DG, exigent désormais son départ.
La direction n’a pas communiqué sur cette crise. Le gouvernement également. Le Groupe Pertamina, via sa filiale PIEP, a acquis 24,53 % du capital du Groupe Maurel & Prom en août 2016. A l’issue de l’OPA du 9 février 2017, PIEP détient 72,65 % de Maurel & Prom.
Maurel & Prom est l’un des principaux producteurs de pétrole au Gabon derrière Shell et Total. Ces deux majors ont cependant décidé de vendre plusieurs de leurs actifs au Gabon. Une grève dans le secteur pétrolier provoque des dégâts très important dans l’économie du pays. Le pétrole reste la première richesse du pays malgré la volonté du pouvoir de diversifier l’économie.
Carl Nsitou