Désormais patrimoine gabonais protégé, la pierre de Mbigou vient de franchir une étape importante avec sa reconnaissance officielle en indication géographique (IG). Cette décision marque une avancée majeure pour la protection d’un matériau emblématique de l’art gabonais, longtemps exploité sans cadre précis et souvent menacé par les contrefaçons.
La reconnaissance en indication géographique vise surtout à mettre fin à l’exploitation désordonnée de cette ressource. Elle permettra de mieux contrôler l’extraction, de garantir l’origine authentique de la pierre et de protéger les artisans contre les imitations qui fragilisent leur travail et leurs revenus.
Sur le plan économique, cette protection ouvre de nouvelles perspectives. La filière artisanale pourrait alors se structurer davantage, accéder à de nouveaux marchés et créer des emplois locaux, aussi bien dans l’extraction que dans la transformation et la commercialisation des œuvres issues de la pierre de Mbigou.
Au-delà de l’économie, cette reconnaissance consacre un héritage culturel fort, intimement lié à l’histoire et à l’identité des communautés concernées.
Extraite uniquement dans certaines zones bien identifiées du pays, notamment à Mbigou, près de Mouila, dans la province de la Ngounié (sud) ; mais aussi à Kango (près de Libreville) et Lambaréné (centre), cette pierre est appréciée pour sa douceur et sa facilité de sculpture. Ses couleurs variées, allant du gris au vert ou au grenat, en font une matière très recherchée par les artisans et les amateurs d’art.
Depuis des générations, la pierre de Mbigou sert à la réalisation de sculptures, de masques, de statuettes et d’autres œuvres qui font la renommée de l’art gabonais. Ces créations occupent une place importante dans la culture nationale et attirent de nombreux touristes, tout en contribuant à faire rayonner le savoir-faire local au-delà des frontières nationales.
Cette décision intervenue lors du dernier Conseil des ministres, confirme à n’en point douter la volonté des autorités de préserver et de valoriser durablement le patrimoine gabonais.
Alph ’-Whilem Eslie et Christina Thélin Ondo

