Mao ! comme nous nous appelions réciproquement…que de temps passé depuis ton départ pour l’Au-delà. Homme de culture, journaliste plus qu‘émérite, présentateur vedette de la RTG chaîne 2. Nos rêves communs de voir éclore une presse de qualité se sont quasiment évaporés avec en partie ton départ.
Pour les jeunes générations dois-je dire, tu étais, à la chaine 2, la suite de l’ excellence de Jean Philippe OYONO.
Au plan régional, dans notre berceau naturel de l‘orient national, je pourrais comparer ton talent à celui de Pierre Brice NDOUMBA et de l’ autre aîné encore en vie, Eugene Philippe DJENO. Pour volontairement borner, limiter la large liste des illustres prédécesseurs à ceux-là. Précocement tu avais choisi ce métier quand en 1978 tu commentais déjà, aidé par un magnétophone recording, les matchs de football de notre enfance au quartier onkoula de Moanda….
Ton admission plus tard au concours d’entrée au CESTI de l ‘Université Cheikh Anta Diop était l’ aboutissement d’un rêve pour ne pas dire d’une vocation.
homme précurseur par l’usage intelligent de ta mémoire dont le rendu pourrait être assimilable aujourd’hui au résultat de l’appui qu‘apportent les téléprompteurs… adulé et apprécié de tous.., redoutable homme de précision des faits historiques, tu m‘as laissé dans ce métier où jusque-là, au milieu de quelques rares talents, l’incurie est primée et les incompétents célébrés .
Sache que les années sont passées mais nos rêves se sont heurtés à bon nombre de réfugiés économiques dont l’essor est favorisé par des considérations autres que professionnelles.
Des jeunes talents en nombre considérable qui ont intégré notre noble profession sont embourbés dans des choix de ceux qui, parfois nostalgiques du passé, ne leur accordent aucune ouverture. Le tout dans un environnement où les instruments techniques ont toujours eu du mal à épouser le rythme des évolutions technologiques.
Bref, Mon cher Vincent, le feu de la compétence allumé par toi s’est tout simplement évanoui.
Tous les efforts consentis pour mettre à nu les travers de notre société pour un arrimage à l‘élan prospectif et avant-gardiste de la presse, afin d‘en faire un outil d’aide à la décision se heurtent toujours à l‘amateurisme de certains illuminés qui ont jusque-là conduit la mise en œuvre des politiques publiques de développement notamment en matière de communication. Heureusement qu’en toute chose il ne faut jamais obstruer le chemin de
l’espérance.
La formation initiale que nous avons connue est quasiment devenue un luxe avec ce triste corollaire : les nécessaires commentaires, les probables justes analyses et débats constructifs sont devenus des champs
d’expérimentation. Des nouveaux métiers sont nés tels que des influenceurs qui, dans un langage parfois aux antipodes du lexique autorisé de la langue officielle, envahissent les salons feutrés, le multimédia et tutoient abusivement la haute élite administrative et politique.

Mais tous ces avatars n’ont pas tué “le noble art”… l‘ espoir est que de “nouveaux Vincent Okoura “ reprennent la place injustement occupée par les imposteurs dont parfois la carte d’ identité professionnelle porte uniquement des indices d’ appartenance familiale ou à des cercles dont les valeurs sont bien loin de celles que prône la presse compétente et libre.
Ainsi, vivons nous le monde de la presse, 22 ans après ta disparition. L’optimisme n‘est pas un choix mercantile. Aussi nous osons penser que de cette 5ème République sonneront toutes les cloches des mutations attendues.
Alex Lewobi Lendendji Essanga, journaliste.

