L’auditorium de la chaine de télévision d’informations continues Gabon 24, a, plongé le public, le 1er décembre 2025, dans une atmosphère de fierté et de redécouverte culturelle, à l’occasion de l’avant-première du film documentaire « Nzila Mavassa – Sur le chemin des jumeaux », réalisé par la cinéaste gabonaise, Marlène Alene et produit par l’Institut gabonais de l’image et du son (IGIS).
L’événement a enregistré la présence remarquée du Ministre de la Communication et des Médias, Paul-Marie Gondjout, du directeur général de l’IGIS, Constant Serge Abessolo, ainsi que de nombreux directeurs généraux, blogueurs, acteurs et passionnés de cinéma.
Dans son mot circonstanciel, le membre du gouvernement a félicité la réalisatrice et relevé l’importance de la valorisation des rites et coutumes du pays souvent méconnues par les nouvelles générations.
« C’est avec plein rire et plaisir que je prends la parole à l’occasion de la projection du documentaire Nzila Mavassa, une œuvre qui met en lumière un point majeur de notre identité collective…Cette célébration d’une mémoire patrimoniale s’inscrit parfaitement dans la vision de monsieur le Président de la République, qui dans son projet de société accorde une place primordiale à la valorisation, à la préservation de nos rites », a-t-il souligné.

L’assistance regardant l’avant-première du film documentaire « Nzila Mavassa-sur le chemin des jumeaux » © D.R
Chez les Punu, le chant est un langage sacré, un moyen d’exprimer l’expérience, la mémoire et les cycles de la vie. Pour la réalisatrice, tout part de l’observation du groupe Mavassa lors du festival culturel de Massanga que Marlène Alene a ressenti une « attention particulière ».
« Elles étaient originales par leurs chants et leurs rythmes… Puis j’ai découvert qu’elles sont toutes mamans de jumeaux, très sollicitées, notamment à Tchibanga », explique-t-elle dans son intervention.
Le terme Mavassa renvoie directement à la gémellité chez le peuple Punu. Dans ce groupe culturel, les naissances gémellaires sont perçues comme un événement majeur. Les jumeaux tout comme leurs géniteurs sont considérés comme des êtres chargés d’une puissance ambivalente qu’il faut canaliser afin de transformer leurs forces en bénédictions pour la communauté.
Les femmes du groupe Mavassa portent un rôle essentiel celui de préserver, revitaliser et transmettre des pratiques culturelles dont l’espace d’expression s’effrite dangereusement. Dans une société où la modernité semble « tout broyer sur son passage », selon les mots de l’anthropologue Dr Junior Hermann Moussodou lors de son intervention. Les femmes apparaissent donc comme des vestiges vivants, témoins d’un héritage précieux.
Dans ses explications, la réalisatrice a souligné que, «le rite Mavassa véhicule l’identité de ce groupe à travers un répertoire de chants et de pratiques rituelles symbolique, qui mettent en lumière l’identité de ce groupe (…), pour moi, c’est un jeu réussi. Je suis satisfait de cette collaboration. Comment la réalisatrice a conduit son sujet, la narration publique est franchement au niveau. Comment le message est passé, c’est ce que je m’attendais. Je suis satisfait et j’espère que le public est aussi satisfait de cette projection».
Pour le Directeur général de l’IGIS, cette expérience dans la province de la Nyanga a été enrichissante tout en rendant hommage à ces femmes Mavassa qui les a fait confiance tout au long du tournage bien que cela n’a pas été chose facile.
« En ma qualité de directeur général de l’IGIS , j’en ai fait une détermination à soutenir la création de gabonaises, à accompagner toutes les œuvres qui racontent le Gabon et préservent nos archives. Je voudrais enfin féliciter la réalisatrice pour ce travail remarquable et l’hommage aux femmes Mavassa pour la force et la dignité », a relevé M. Abessolo.
Tourné dans le cadre naturel de Tchibanga, ledit filme dure 35 minutes. La directrice générale de Radio Gabon, bouleversé, a exprimé un sentiment fort face au message du film « apprécier ce documentaire, c’est découvrir une autre culture qui revient ». Son témoignage personnel a particulièrement marqué. Elle dit avoir perdu l’une de ses filles, jumelles , et regrette aujourd’hui de n’avoir pas connu ce rite à temps.
« Peut-être si je connaissais ce rite, on allait le faire… et ça éviterait à l’autre de partir », a-t-elle regretté. Ce moment d’émotion a rappelé la dimension vitale du patrimoine immatériel dans la vie des familles.
À travers Nzila Mavassa, Marlène Alene fait plus qu’un simple documentaire, elle offre une reconnexion. Une passerelle vers un passé qui fonde, une invitation à regarder les premières gardiennes de la culture Punu avec fierté et responsabilité. C’est un film qui touche, qui éveille, qui réveille même. Un film qui rappelle que les traditions ne sont pas que des images anciennes, mais des forces vivantes qui continuent d’accompagner, de soigner et de protéger.
Camille Boussoughou

