Croisade contre le Sida : Ne pas se permettre de baisser la garde

Le 1er décembre de chaque année, la communauté internationale se mobilise autour de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA. Instituée en 1988, cette journée permet d’unir les efforts face à un enjeu sanitaire majeur. Pour l’édition 2025, le thème retenu au niveau mondial est, « surmonter les perturbations, transformer la riposte au SIDA ».

Au Gabon, ce thème résonne avec une acuité particulière. Selon la Directrice générale du Programme national de lutte contre les IST et le VIH-SIDA (PNLIST), Dr Raïssa Okouyi, la crise de la COVID-19 a fortement perturbé la dynamique de riposte, provoquant une baisse significative des financements.

À cela s’ajoute le retrait du soutien américain, qui a contribué à la fermeture du Bureau de l’Agence ONU-SIDA dans le pays. Ces réalités mettent en lumière les défis structurels auxquels est confronté le système de santé.

Au-delà des contraintes, des avancées concrètes sont à souligner. Le traitement antirétroviral s’est considérablement simplifié : les patients ne prennent plus qu’un seul comprimé par jour. Le système permet aujourd’hui de fournir jusqu’à 9 à 12 mois de traitement d’un seul coup, évitant ainsi les ruptures et améliorant l’observance thérapeutique. La riposte se transforme également à travers l’adoption de nouvelles technologies pour les examens biologiques et le suivi médical des patients.

 À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida 2025, les autorités gabonaises ont dressé un bilan contrasté : près de 29 000 personnes sont sous traitement antirétroviral — un signe fort de la mobilisation sanitaire. Mais parallèlement, l’épidémie gagne du terrain chez les 15–24 ans, avec 1 844 jeunes désormais infectés, soulignant des défis majeurs

Tableau épidémiologique

Selon les données 2025 de la Direction générale de la prévention du VIH/Sida (DGPS), 1 844 jeunes gabonais âgés de 15 à 24 ans vivent avec le VIH, soit une hausse d’environ 18 % en un an. Parmi eux, 1 010 sont des jeunes filles, contre 834 garçons, confirmant une vulnérabilité accrue des adolescentes.

Chez les 15-19 ans, la prévalence atteint 1,5 % chez les filles contre 1,3 % chez les garçons.  Les experts évoquent des facteurs tels que les inégalités de genre, le manque d’accès à l’éducation sexuelle, les pressions socio-économiques et l’insuffisance des campagnes de sensibilisation comme principales causes de cette montée.

Sur le plan de la prise en charge, le pays affiche des avancées notables : selon le ministère de la Santé en 2025, près de 29 000 personnes vivant avec le VIH bénéficient d’un traitement antirétroviral.  Ce chiffre témoigne d’un effort national pour garantir l’accès aux soins et maintenir la santé des personnes infectées, ce qui constitue une base essentielle pour freiner la propagation de l’épidémie.

Toutefois, les autorités signalent que des défis persistent : mortalité liée au sida, abandon des traitements, et un nombre préoccupant de nouvelles infections, en particulier chez les jeunes. La riposte gabonaise — malgré ses réussites — demeure fragile tant que la prévention, le dépistage, l’éducation sexuelle et la sensibilisation ne sont pas systématiquement renforcés.

Pour inverser réellement la tendance, il faudra combiner soins fiables + prévention soutenue + mobilisation communautaire et éducative. C’est le seul moyen de transformer les progrès thérapeutiques en recul durable de l’épidémie et d’éviter que le VIH/Sida continue de frapper de nouveaux visages, en particulier parmi la jeunesse.

Féeodora Madiba et Darène Mabelle Ayingone

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