La BAD mobilise les marchés boursiers du continent pour réinventer l’avenir financier de l’Afrique

Le Groupe de la Banque africaine de développement a entamé, mardi à Abidjan, une série de réunions de haut niveau avec les institutions africaines de financement du développement et les partenaires financiers du secteur privé afin de forger un plan historique pour une nouvelle architecture financière africaine, conçue pour combler le déficit de financement nécessaire pour répondre aux besoins de développement du continent.

À l’invitation du président de l’institution panafricaine, plus d’une cinquantaine de représentants de banques régionales et continentales et d’institutions de financement du développement sont réunis au siège du Groupe de la Banque, les 18 et 19 novembre, pour des discussions que M. Ould Tah a qualifiées de vitales pour le destin du continent.

« En tant qu’architectes des marchés de capitaux africains, vous êtes les gardiens des institutions financières et les catalyseurs de l’avenir de notre continent », a déclaré le président Ould Tah au début de la première session journalière à laquelle participaient les responsables des bourses de valeurs mobilières, des fonds de capital-investissement et des fonds de capital-risque africains.

Cette réunion, la première du genre entre le Groupe de la Banque et les marchés boursiers d’Afrique, vise à examiner leur rôle dans le financement à long terme, en mettant un accent particulier sur la réforme de la mobilisation des capitaux en Afrique. Félix Edoh Kossi Amenounve, directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières de l’Afrique de l’Ouest (BRVM), a salué la tenue d’une telle réunion, soulignant la nécessité d’une transformation profonde.

« Des écarts existent entre les besoins de financement et les ressources disponibles, mais nous devons réfléchir aux réformes nécessaires pour parvenir à la capitalisation des fonds de pension africains. En effet, ces derniers ont été créés à l’origine pour financer les gouvernements », a fait remarquer M. Amenounve.

Les principales institutions financières du continent représentées aux réunions d’aujourd’hui comprennent le Projet de liaison des bourses africaines (AELP), les marchés boursiers du Rwanda, du Mozambique, du Cabo Verde, de Nairobi et de Tunis, la Bourse régionale des valeurs mobilières de l’Afrique de l’Ouest (BRVM), le directeur régional de la Bourse de l’Afrique centrale, les marchés boursiers de Casablanca et du Ghana.

« Les marchés de capitaux constituent le socle sur lequel repose une croissance économique durable et à long terme », a souligné M. Ould Tah. Avant d’ajouter : « En mobilisant des capitaux patients, vous fournissez à nos États et à nos entreprises des sources de financement diversifiées, tout en offrant aux investisseurs, en particulier aux investisseurs institutionnels, un éventail plus large d’opportunités. »

Le fondement des Quatre points cardinaux[FL1]  de M. Ould Tah depuis son arrivée à la tête de l’institution en septembre est un accès accru à des financements à long terme prévisibles et abordables.

L’un des objectifs clés de ces consultations est de faciliter les flux financiers pour le capital-investissement et le capital-risque en renforçant les fonds d’investissement africains existants et en élargissant leur capacité à financer les petites et moyennes entreprises (PME), les entreprises de taille intermédiaire et les champions industriels émergents.

Les PME, qui représentent près de 90 % des entreprises et plus de 60 % des emplois en Afrique, continuent d’avoir un accès limité au capital-risque.

La promotion de la finance durable, la numérisation des marchés, l’attraction de capitaux d’investissement sur les marchés africains et les programmes adaptés aux PME ont figuré parmi les questions abordées lors de la réunion.

Le développement de l’éducation financière chez les jeunes a également été souligné comme un axe prioritaire de l’approche à développer par les marchés boursiers du continent, de même que l’accroissement de l’utilisation des outils de numérisation et de la fintech pour stimuler les opportunités.

Donald Waweru Wangunyu, directeur non exécutif de la Bourse de Nairobi, a insisté sur la nécessité d’une coordination régionale afin de parvenir à « une mise à l’échelle, une coordination des politiques et une mise en œuvre des réformes ; nous avons de bons projets, mais les obstacles demeurent. »

Sonia Ben Frej, présidente du Conseil d’administration de la Bourse de Tunis, a pointé les problèmes de convergence réglementaire et la nécessité de mettre à jour des réglementations obsolètes.

L’objectif de ces deux jours de réunion, à travers l’engagement des gestionnaires de fonds, des investisseurs institutionnels, des institutions de financement du développement et des régulateurs, est d’ouvrir la voie à la mobilisation de financements supplémentaires pour l’Afrique par les institutions financières, sans dépendre de l’aide publique au développement, comme c’est le cas aujourd’hui.

M. Ould Tah a déclaré que la Banque adopterait une approche globale du développement des marchés de capitaux, en se concentrant sur trois piliers clés : le soutien aux autorités de régulation des marchés de capitaux, bourses et autres intermédiaires par le biais d’une assistance technique, de projets d’appui institutionnel et d’opérations basées sur les politiques ; la diversification de la mobilisation de l’épargne et des acteurs du marché afin de promouvoir la liquidité des produits et l’approfondissement des marchés pour les sociétés de rehaussement de crédit, les investisseurs institutionnels et les autres institutions financières ; la recherche, la formation et le dialogue politique pour renforcer les capacités des acteurs des marchés de capitaux en Afrique.

Le développement des marchés des capitaux dans toute l’Afrique est une priorité essentielle et s’inscrit dans le cadre des priorités stratégiques des Quatre points cardinaux du Groupe de la Banque. Les institutions de financement du développement ont notamment un rôle de catalyseur à jouer. « Nous allons le bâtir ensemble ; cela nécessite un effort collectif de la part de chacun d’entre nous », a soutenu M. Ould Tah.

Les réunions se poursuivent mercredi pour une seconde journée avec les dirigeants des institutions de financement du développement africaines.

Source : Com BAD

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