Libérez les trottoirs : une opération brutale, inhumaine et contreproductive, selon des commerçants

Lancée nuitamment vers 4 heures du matin par des policiers et militaires, l’opération coup de poing « Libérez les trottoirs » est une opération brutale, inhumaine et contreproductive, selon des commerçants interrogés sur le terrain par un reporter de Gabonactu.com

« Ils ont donné un délai de 48 heures, certes, mais c’est très insuffisant », s’est lamenté Yann, un étudiant qui vendait la friperie au rond-point du PK 12 où l’opération a été lancée.

« C’est une opération brutale et inhumain », a renchéri Emmanuel un jeune débrouillard qui pointe une volonté manifeste de l’Etat de nuire en jetant les forces de l’ordre nuitamment sur le terrain comme pour déloger une armée d’occupation.

« Nous sortons petit à petit d’un long confinement qui a ruiné tout le monde. Une opération comme celle-ci ne fait que nous enfoncer dans la précarité », s’est plaint Marie Anne vendeuse des légumes à l’entre du camp militaire de Melen.

Pelleteuses, bulldozers et autres camions de l’armée sont entrés en action à 4 heures du matin au PK 12. Plusieurs commerçants ont été réveillé par les coups des fils de leurs camarades. Beaucoup ont perdu leurs marchandises et même des espèces sonnantes et trébuchantes. Par peur des larcins opérés par leurs petits fils et autres à la maison, de nombreuses commerçantes dissimulent une partie de leur recette sous les étals.

Chaque vendeur déguerpi payait 1 000 FCFA de taxe municipale par jour. Davy Gatien Ovono Obiang 1er maire du 5ème arrondissement présent sur le terrain a estimé que la sécurité des populations prime sur l’argent.

« Il faut que les populations marchent désormais sur le trottoir et non sur la chaussée. Leur sécurité d’abord », a-t-il insisté.

Plusieurs piétons se sont réjouis de voir cet espace généralement encombré être débarrassé en une matinée. Mais tous se demandent « où iront s’installer les commerçants déguerpis manu militari ».

« Il nous faut un marché », a hurlé Marie Thérèse Mougoula, 80 ans qui a perdu sa table sur laquelle elle vendait des cigarettes, bonbons, mouchoirs jetables et morceaux de savons.

Après le PK 12, plusieurs autres zones ciblées seront traitées, a confié à Gabonactu.com une source proche de l’opération qui durera 1 mois à travers tout Libreville et ses environs.

Jeudi, le gouvernement a donné un ultimatum de 48 heures à tous les occupants illégaux pour libérer les trottoirs. L’opération a reçu vendredi l’onction du président de la République, Ali Bongo Ondimba. Le numéro un gabonais a reçu à cette occasion au palais présidentiel son Premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda, ses ministres de la Défense et de l’Intérieur venus lui exposer les contours de l’opération dont le but ultime est de rendre Libreville plus agréable, propre, sécurisée et moins encombrée.

Camille Boussoughou

One thought on “Libérez les trottoirs : une opération brutale, inhumaine et contreproductive, selon des commerçants

  1. Un mal, c’est vrai. Mais un mal nécessaire. Libreville est devenue une ville jungle incirculable, des embouteillages aux bouchons, doublés des étals anarchiques le long des semblants de routes qui existent depuis Mathusalem, il fallait une bouffée d’oxygène. Mais pour combien de temps ? Des opérations de cette nature on n’en a connue par le passé et après, suiiiii didiiiii.

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