Prisons : une ONG demande à Ossouka Raponda de lever l’interdiction des visites aux prisonniers

L’interdiction des visites en prison depuis mars 2020 est une violation grave des droits de l’homme et une double peine pour les détenus, déplore Lionel Ella Engonga, président de l’ONG SOS Prisonniers Gabon (SPG), dans une lettre au Premier ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda lui demandant de lever l’interdiction des visites dans les prisons du Gabon.

Gabonactu.com publie l’intégralité de cette lettre pleine d’humanisme :

Libreville, le 25 janvier 2021

Madame la Première Ministre,

Depuis le mois de mars 2020, la pandémie de COVID-19 a plongé le Gabon dans une urgence sanitaire.

A  cet effet  des mesures spéciales ont été décrétées par le gouvernement afin de protéger les populations, notamment l’interdiction des visites dans l’ensemble des prisons du Gabon.

Dix (10) mois après, cette mesure est toujours appliquée. Cela constitue une atteinte aux droits des détenus.  Or, Selon le droit international, chaque prisonnier a droit au moins à trois (3) visites par semaine.

En sus, le droit aux visites  permet le maintien des liens familiaux et amicaux, l’exercice de ce droit, doit être garanti dans le but d’assurer une bonne préparation du détenu à une resocialisation à la fin de sa détention.

 Le détenu doit   être autorisé à recevoir des visites maritales, familiales et amicales.

La crise sanitaire ne peut justifier qu’on continue à torpiller ce droit indéfiniment !

Depuis plus de 9 (neuf) mois, les mineurs incarcérés dans nos prisons n’ont pas pu voir un seul membre de leur famille, des  pères  et mères de familles de détenus n’ont pu voir leurs proches  même les avocats sont privés de visite. Cette  interdiction constitue également une entrave au libre exercice de leur travail.

Tout cela est illogique; sinon comment expliquer que les geôliers  sont autorisés à faire des allers-retours à la prison et pas les avocats? Pourquoi les détenus sont  extraits chaque jour pour aller au tribunal et interdire les visites des proches à la prison ?

De même, le 10 décembre dernier, à l’occasion de la Journée Internationale des Droits de L’Homme, Madame la Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, a organisé une audience  foraine au sein de la prison centrale de Libreville

Dans ce bâtiment qui a fait office de salle d’audience, on pouvait y trouver plusieurs détenus, des magistrats, des agents de la sécurité pénitentiaire, sans oublier les avocats desdits détenus. Cette audience foraine a eu lieu en présence du Ministre de la Justice dans le strict respect des mesures barrières. 

Au regard de la situation globale épidémiologique dans notre pays : Tests réalisés: 422091, cas testés positifs : 10278, cas actifs :309, cas guéris :9902 ,décès:67 (chiffres communiqués par le COPIL Vendredi 22  Janvier  2021).

 Même dans les pays où le coronavirus fait des milliers de morts, une telle interdiction de visite n’a pas lieu !

Bien qu’il est vrai qu’en dépit de cette interdiction, les familles ravitaillent toujours leurs parents détenus à travers les dépôts de colis, mais cela n’est pas identique à la présence physique d’un parent qui vient rendre visite à son proche incarcéré.

 La mesure prise était d’empêcher les contacts physiques entre personnes potentiellement exposées (parents et amis) et les personnes potentiellement moins exposées (détenus en confinement forcé).

 Il serait donc judicieux, d’autoriser deux jours de visite par semaine (mardi et dimanche) tout en respectant strictement les mesures barrières au lieu de 3 jours (mardi, jeudi et dimanche) comme auparavant.

Madame la Première Ministre, nous le savons, en ces lieux se trouvent des hommes et femmes, pères, mères et enfants ou même grands-parents et amis, qui ont le droit de bénéficier de la chaleur familiale et amicale, seul moyen pour eux d’oublier l’enfer du milieu carcéral.  En ces lieux vivent des parents qui ont besoin de voir leurs enfants lors de ces visites pour ne pas couper le lien.

Cette interdiction de visite semble être une double peine pour les détenus et un châtiment  pour leurs familles. Il est temps de lever cette mesure tout en faisant respecter les gestes barrières, comme c’est le cas dans tous  les services et tous les lieux publics ( marchés,écoles,églises, administrations…) car, Ces personnes détenues sont aussi des Humains qui ont besoin de vivre.

C’est en insistant sur cette sollicitation que je vous adresse, Madame la Première Ministre, mes sincères salutations et mes vœux les meilleurs pour cette nouvelle année.

Respectueusement.  

Lionel Ella Engonga, Président de l’association  SOS Prisonniers Gabon (SPG): 077769192 / 062722341 / 077456082

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