Centrafrique : mécaniser l’agriculture permettra aux jeunes de tourner le dos aux mouvements rebelles

Faustin Tchokam en marge du forum de Brazzaville © Gabonactu.com

Brazzaville, 14 février (Gabonactu.com) – Faustin Tchokam, cadre de l’Union nationale du patronat centrafricain (UNPC) a soutenu mercredi à Brazzaville dans un entretien exclusif accordé à l’envoyé spécial de Gabonactu.com que la mécanisation de l’agriculture dans son pays permettra à coup sûr aux jeunes de tourner le dos aux mouvements rebelles qui détruisent le pays.
 
« Mécaniser l’agriculture permettra à coup sûr aux jeunes de tourner le dos aux mouvements rebelles qui les recrutent comme soldats ou enfants soldats », a notamment déclaré M. Tchokam présent à Brazzaville dans le cadre du forum de la Banque africaine de développement (BAD) et du Bureau international du travail (BIT) sur l’employabilité des jeunes dans le secteur agricole.
 
Selon M. Tchokam, les jeunes centrafricains n’ont pas assez de motivation à travailler la terre. L’agriculture manque d’attraction du fait de sa pénibilité actuelle.
 
« Les jeunes pensent et constatent avec regrets que l’agriculture telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui est une pénitence. D’où la volonté de chacun de vouloir travailler dans la fonction publique », a-t-il dit avant de constater que la fonction publique ne pouvant pas ouvrir ses portes à tous les demandeurs d’emploi, les mouvements rebelles deviennent parfois une espèce de refuge pour les jeunes frappés par le chômage.
 
« Nous ne sommes pas comme les autres pays africains où les jeunes tentent massivement de traverser la méditerranée en pirogue au risque de leur vie, mais le manque d’emploi expose les jeunes dont certains se retrouvent facilement avec une kalachnikov », a-t-il regretté.
 
« Je pense qu’en Centrafrique comme on a de la terre et que nous ne sommes pas très nombreux, c’est mieux de mécaniser ou de semi mécaniser l’agriculture pour réduire les facteurs répulsifs à l’origine du manque d’attrait actuel », a-t-il dit.

récolte de noix de palme en Centrafrique © DR

La mécanisation seule ne suffit pas, reconnait le Trésorier général de l’UNPC. Il faut la formation et surtout former des jeunes qui seront immédiatement apte à tenir une activité précise dans le secteur agricole.
 
« Il faut mettre sur pied des petits projets, créer une chaîne des valeurs allant de la production à la commercialisation en passant par la transformation des produits alimentaires », a estimé M. Tchokam. Producteur d’huile de palme et de maïs, M. Tchokam est convaincu que la chaîne de valeurs va générer des emplois à tous les niveaux. Ceci « amènera les jeunes à abandonner les armes pour des emplois décents dans leurs zones de résidence ».
 
Avec moins de cinq millions d’habitants, la Centrafrique, 675 000 km² de superficie nationale, dispose de  16 millions de terres arables. Le pays miné par des guerres civiles à multiple rebondissements ne parvient pas à nourrir sa population. Quasiment toutes les denrées alimentaires sont importées. Les mouvements rebelles non seulement créent l’insécurité mais ils recrutent aussi les jeunes valides qui auraient pu s’investir dans le travail de la terre.
 
Faustin Tchokam est aussi membre de l’Union nationale des exploitants du palmier à huile (UNEXPALM) qui exploite 500 hectares de plantation paysanne de palmier à huile pour une production annuelle de 1 000 tonnes. L’organisation produit également entre 600 et 1 000 tonnes de maïs dans la région de Ombella Mpoko et Lobaye.

Carl Nsitou, envoyé spécial

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