Ali Bongo sur RFI : interview vérité qui fait le buzz

 

 

Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba a été le week-end écoulé l’invité exceptionnel de l’émission « Le débat africain » animé par Alain Foka. Le N°1 a tout dit sur Pierre Péan, Jean Ping, ses opposants, Total et ses belles voitures.

 

Interview à lire et à archiver :

 

 

 

AF : Bonjour Monsieur le Président

ABO : Bonjour

AF : Actualité particulièrement chargée cette semaine mais nous allons commencer par l’actualité française, avec ces attentats, ces actions terroristes sur Paris. On vous a entendu dans vos vœux adresser vos condoléances. Est-ce que vous comprenez ce déferlement de violence, cette barbarie ?

ABO : D’abord je tiens à réitérer toutes nos condoléances vis-à-vis des familles éprouvées par un acte terrible. Le musulman que je suis s’est posé la question : est-ce que j’ai raté quelque chose, omis quelque chose ? Il y a quelque chose que je n’ai pas lu, que je n’ai pas compris ? J’ai relu le Coran à plusieurs reprises. J’ai relu la biographie du prophète, j’étais conforté dans ma foi et n’ai rien trouvé qui puisse justifier ce à quoi nous assistons. Le prophète était un homme sage qui lui-même a été pourchassé. Il a été persécuté. Jamais il n’a ordonné que puisse être exécutés, froidement tués, ceux qui l’ont persécuté. Car la jeune communauté musulmane de La Mecque était persécutée. Le prophète, à deux reprises, a envoyé cette communauté chercher refuge auprès d’un roi chrétien en Abyssinie. Ils ne sont pas allés chez un roi musulman, ils sont allés chez un roi chrétien et c’est le prophète de l’Islam qui les a envoyés. Pourquoi chrétien ? Parce que musulman, chrétien ou juif, notre religion est monothéiste et issue de ce que nous appelons le Livre, la Bible, et dans nos enseignements jamais il n’est question de faire du mal à qui que ce soit !

AF : Mais alors comment expliquer cette propension d’une bonne partie de musulmans de certaines branches de l’Islam à prôner le djihad ? De prôner la guerre sainte contre les autres ? Ça vient de quoi ?

ABO : Monsieur Foka vous venez de dire ‘une bonne partie’, je ne peux pas vous laisser dire cela, nous sommes plus d’un milliard cinq cents et nous parlons de quelques milliers, voire dizaines de milliers et donc tout ça ne représente pas l’Islam. Nous réfutons ces termes qui veulent qu’on dise que ce sont des fondamentalistes musulmans. Ce sont des fondamentalistes un point un trait ! Et derrière tout ça, c’est beaucoup plus la politique que la religion. La religion est un prétexte que l’on utilise pour obtenir quelque chose.

AF : Mais on a l’impression que la communauté musulmane ne proteste pas, ne dénonce pas cette attitude le plus souvent, ce qui donne l’impression que ça peut se justifier, qu’on peut comprendre certaines attitudes.

ABO : Nous n’allons pas faire le décompte malheureusement tragique des disparus et des morts, mais vous serez d’accord avec moi pour reconnaître que ce sont les musulmans eux-mêmes qui paient le prix et le plus fort : c’est bien justement une des curiosités de la politique de ces hommes et de ces femmes qui prétendent défendre l’Islam mais dont les victimes les premières sont les musulmans. Ils tuent sans discernement, ils sont derrière autre chose. La religion est simplement utilisée comme prétexte

AF : Mais pourquoi ne pas dénoncer de façon plus forte dans les mosquées, ne pas mettre clairement en accusation ceux-là qui utilisent l’Islam à des fins politiques ?

ABO : Nous les dénonçons, et c’est aussi le sens de notre participation à cette grande marche qui aura lieu à Paris : tous ensemble, nous dénonçons de la même voix ces agissements. Je dis que ce sont des personnes qui ont décidé de se mettre en dehors du chemin, en dehors de la loi, en dehors du chemin que Dieu a tracé pour ce qui concerne la religion, en dehors des lois, en dehors de la société et donc la dénonciation elle doit être commune et nous devons tous le faire ensemble pour dire aucun État, aucun gouvernement, aucun peuple ne va tolérer des agissements de ce genre. Il faut que nous le fassions ensemble. Ces personnes ne doivent pas trouver un asile quelque part, un abri ou même une oreille complaisante et c’est donc pour ça qu’il faut pouvoir manifester pour dire non, un non qui soit franc, massif et qui soit à l’échelle planétaire.

AF : Alors justement, des chefs d’État africains se rendent à Paris pour manifester après cet assassinat, après ces assassinats tragiques, après ces actions terroristes. Mais il y en a eu d’autres en Afrique et on n’a pas vu la même mobilisation des chefs d’État. On n’a pas vu tous ces chefs d’État se déplacer par exemple au Nigeria ou au Niger ou dans d’autres pays quand il y a eu des mouvements de cet ordre-là. C’est plus grave quand c’est à Paris qu’en Afrique ? Pourquoi il n’y a pas cette mobilisation en Afrique aussi ?

ABO : Nous ne voulons surtout pas que les Africains puissent penser que c’est plus grave lorsque c’est à Paris. Là nous avons…

AF : Au Kenya, il y a eu plus de morts…

ABO : Nous avons, nous chefs d’État africains, manifesté notre indignation. Regardez un petit peu les communiqués, regardez un petit peu ce que nous avons fait.

AF : Ça reste des communiqués, Monsieur le président, si vous le permettez.

ABO : Regardez ce que nous avons dit et fait au niveau des réunions des chefs d’État de l’Union africaine, au niveau des régions, nous avons déjà manifesté ça. Maintenant au niveau d’une grande manifestation comme celle qui s’est faite à Paris, c’est sûr que jusqu’à présent, ça n’a pas été le mode que nous avons utilisé, mais c’est une suggestion et je la retiens et j’en parlerai avec mes collègues.

AF : Qu’ils puissent aller manifester quand il y a un événement de cet ordre-là dans d’autres pays africains.

ABO : Bien sûr !

AF : Au Kenya par exemple

ABO : Tout à fait !

AF : Au Nigeria

ABO : Tout à fait !

AF : Et justement, ça me donne l’occasion de parler d’une autre grosse menace.

ABO : Mais nous devons le faire aussi à l’invitation de ces pays-là.

AF : Ces pays-là n’invitent pas pour l’instant.

ABO : Vous savez quand vous venez d’avoir une attaque, vous êtes d’abord préoccupés par des questions de sécurité et souvent le sentiment est : ’je n’ai pas pu défendre les miens, je ne vais pas exposer les autres’. Alors souffrez que ces pays se préoccupent de la sécurité des uns et des autres et que ça prend un petit peu de temps pour que nous puissions arriver à une situation qui puisse permettre que nous…

AF : Mais quelqu’un pourrait inviter chez lui ou bien ça pourrait se passer à Addis Abeba, c’est peut être un détail mais qui est important.

ABO : C’est peut être une piste.

AF : Justement avant de parler de la politique gabonaise, cet islamisme menace l’ensemble du monde entier. Mais l’Afrique est fortement touchée. On assiste à une poussée islamiste sur l’Afrique : les Chebab dans la région de la Somalie, Boko Haram pas loin d’ici au Nigéria. Comment mettre un terme à tout cela ? Qu’est-ce que vous faites face à cette nouvelle guerre où il n’y a pas d’armée en face et où il n’y a pas de lieu de combat ?

ABO : Déjà, ce qui est important – et je prends le cas de mon pays -, est que nous ayons tout de suite insisté sur le dialogue, le dialogue entre religion. Nous avons des cérémonies dites œcuméniques où tous les cultes participent, parce qu’un certain nombre de problèmes viennent de l’ignorance, de ce que l’autre pense, de ses croyances, de ce qu’il représente. Et nous voulons abattre ces barrières-là, celles de l’ignorance. Il faut que l’on se parle. Dans un État démocratique, il faut pouvoir se tolérer, accepter l’autre dans sa différence, donc il faut insister là-dessus et certainement que les hommes politiques n’ont pas suffisamment insisté dans le sens du dialogue. C’est le premier élément. Le deuxième élément est aussi un élément économique.

AF: Le développement !

ABO : Le développement.

AF : Promouvoir le développement.

ABO : Promouvoir le développement. Souvent on dit, vous savez, les êtres humains… Lorsqu’on est bien, on vit bien, l’estomac rempli, on pense un peu moins à Dieu, mais lorsque les problèmes arrivent Ah mon Dieu ! Ah mon Dieu ! On devient un peu plus fervent. Mais simplement, il faut insister sur le développement, réduire les inégalités, réduire la pauvreté. C’est-à-dire qu’il ne faut donc pas déployer le lit sur lequel développer ce genre d’idées.

AF : Un lit ?

ABO : Un lit sur lequel développer ce genre d’idées.

AF: Mais alors aujourd’hui monsieur le Président une fois qu’on a dit ça ? quelle est la stratégie de l’Afrique pour lutter contre cet islamisme ? Contre ces violences ? Ce terrorisme ? Est-ce que n’êtes pas dépassés ? Est-ce que vous n’attendez pas trop des autres ?

ABO : Non, je pense qu’en dehors de ce que je viens de dire – le dialogue et la réponse économique – il faut nécessairement aujourd’hui revoir nos plans de sécurité et surtout avoir une réponse adaptée.

AF : Mais on a l’impression que chacun fait cavalier seul contre Boko Haram. Il est évident que si l’ensemble des États de la sous-région était réuni, ce serait beaucoup moins facile pour cette organisation !

ABO : Nous y travaillons – ne pensez pas que nous ne faisons rien -, nous y travaillons. Disons que pendant un certain nombre de temps, nous avons eu d’autres préoccupations que celles d’équiper nos armées. Aujourd’hui il s’agit d’abord de revoir la formation. Parce que nous sommes devant une menace, il faut donc adapter la réponse à cette menace. Donc avoir la formation en fonction, voir après l’équipement. Donc ça prend un petit peu de temps, mais c’est ce que nous sommes en train de faire. Nous devons être convaincus que nous sommes devant des hommes qui sont déterminés et que, dans certains cas, le dialogue est dépassé. Il faut opposer réellement une force pour contraindre ces personnages à accepter la loi, à accepter la société, il faut les convaincre.

AF : Mais en avez-vous les moyens ?

ABO : Les moyens ça se trouve et les moyens on se les donne. C’est donc une question pour nous de volonté, de volonté politique. Au passage, demain, cela va certainement nous amener à avoir des dépenses et des dépenses militaires pour lesquelles après vous allez venir nous critiquer, donc il faut bien savoir ce que l’on veut !

AF : Parlons politique. Depuis quelques temps, on assiste à une tension dans l’environnement politique gabonais avec des manifestations, des arrestations, avec un mort, une manifestation qui s’est terminée de façon tragique à la suite d’un livre. Pierre Péan qui revient une trentaine d’années après avec un livre qui vous met en cause, qui parle de votre filiation, qui parle d’une imposture. J’ai envie de poser la question que beaucoup se posent : ce qui est serait-il vrai ? Êtes-vous Gabonais ? Êtes-vous le fils de Bongo père ?

ABO : Oui. C’est risible et c’est triste, cette affaire. Triste pourquoi ? Les Gabonais attendent un autre débat que celui des origines du président.

AF : Mais c’est important monsieur le Président, les origines du Président.

ABO : Les origines, ils les connaissent. Les Gabonais m’ont vu naitre et grandir.

AF : Mais tous ces éléments, tous ces éléments qui sont sortis monsieur le Président : sur les actes de naissance, sur les copies, sur la manière dont ça a été fait pour le document qui a servi à être candidat, notamment cet acte qui sort de la Mairie du 3ème arrondissement, pourquoi…

ABO : Monsieur Foka, un principe très clair : c’est à eux de démontrer que je ne suis pas qui je suis, c’est à eux de démontrer que je ne suis pas le fils d’Omar Bongo, c’est à eux de démontrer que je viens du Biafra. Qui m’a vu ? Qui est allé me chercher ? Qui m’a ramené ? C’est à eux de le démontrer ! Moi j’ai une famille, les membres de ma famille me reconnaissent comme tel, bon, et Dieu sait que j’ai une nombreuse famille, et Dieu sait que mon père a eu beaucoup d’enfants et pourtant c’est mon père qui m’a élevé pour devenir l’homme que je suis.

AF : Votre père peut aussi vous adopter !

ABO : Mais s’il l’avait fait il l’aurait dit ! Pourquoi l’aurait-il caché ?

AF : Mais pourquoi ces documents troublants monsieur le Président ?

ABO : Mais ça ce sont de faux documents, monsieur Foka, ce sont de faux documents ! On ne va pas revenir là-dessus. Tout simplement, il faut retenir une chose : les petits esprits discutent des gens, les Gabonais veulent savoir ce qu’on leur réserve, le programme que l’on a pour le développement du pays.

AF : On va parler du programme monsieur le Président !

ABO : Il est donc curieux et fâcheux que les gens puissent divertir l’opinion sur des sujets comme cela ! Le même Pierre Péan, il est venu ici à Libreville, je l’ai rencontré dans mon bureau ! Qu’est-ce qu’il est venu me dire ? Il est venu me dire qu’il voulait absolument faire un ouvrage sur mon père, ‘le grand homme que ça a été’, ‘l’homme qui a été critiqué, abusé’. Donc il voulait rétablir la vérité et il est venu me voir pour me le dire. Et même au sortir de mon bureau, il a dit que les Gabonais avaient la chance d’avoir quelqu’un qui a été bien élu, qui n’a pas bourré les urnes ! Visiblement…

AF : Il y a combien de temps ?

ABO : C’était en 2011. Visiblement, n’ayant pas obtenu ce qu’il souhaitait en venant ici…

AF: Quoi donc ?

ABO : N’ayant pas obtenu ce qu’il souhaitait, bon il a écrit ce qu’il a écrit. Mais allez lui poser la question !

AF : Il est venu vous voir pour écrire sur votre père ?

ABO : Oui, Monsieur, sur mon père, et il me demandait mon assistance et mon aide.

AF : Et que lui avez-vous répondu ?

ABO : Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème et que nous verrions comment faire cet ouvrage. Et pour l’assistance, il me dirait ce dont il aurait besoin. Pour vous dire la vérité, je lui ai même dit que, pour un livre comme celui-là, il fallait la participation de ma mère. Et je lui ai dit qu’il fallait que j’ai un peu plus de temps, vu les gentillesses qu’il avait écrites à son égard. Nous sommes donc convenus que nous en reparlerions, et c’est la dernière fois que  je l’ai vu. Sauf qu’il a cherché à me revoir à plusieurs reprises, au cours de mes déplacements et pas à Libreville.

AF: On a quand même entendu un certain nombre de personnes autour de vous dire qu’il avait été informé, rancardé, qu’il avait obtenu des documents de certains proches, de certaines personnes avec qui vous avez travaillé. S’il y a cette suspicion, cela voudrait dire qu’il y a des vérités à l’intérieur…

ABO : Monsieur Foka, si l’on est aussi sûr de ce qu’on avance, qu’on apporte des preuves, que l’on amène des gens pour témoigner. Les gens qui me connaissent ont témoigné et ils ont dit ce qu’ils avaient à dire. Les autres en face n’ont fait que des allégations mensongères. Ce ne sont que des rumeurs. Si l’on a des éléments, on les produit Monsieur Foka ! Donc avec tous ces ragots, on ne pourrait rien construire, et cela n’est pas la préoccupation actuelle des Gabonais. Ceci n’est qu’un sujet de diversion, visant à cacher, masquer l’absence de programmes.

AF : Là vous parlez de Jean Ping,

ABO : Non, il n’est pas le seul

AF : Oui mais il est à la tête de cette opposition là

ABO : Il dit qu’il est à la tête, mais cela n’a pas été reconnu par tous. Et c’est vous qui le mettez à la tête

AF : Donc vous insinuez que c’est la presse qui met Jean Ping à la tête de cette opposition ? Cette opposition on l’a vue dans les manifestations, et il était à la tête

ABO : Quel est le document qui dit qu’il est à la tête de l’opposition ? Je vois une réunion avec un certain nombre de leaders, maintenant si vous le dites pour lui faire plaisir, très bien allez-y ! Mais ceci n’est pas ma préoccupation

AF : Monsieur le Président, qu’est-ce qui vous oppose à ce point à Jean Ping, qui est un membre de votre famille, qui a deux enfants avec votre sœur ?

ABO : C’est lui qui dit qu’il n’est pas de ma famille, ce n’est pas moi

AF : Mais qu’est-ce qui vous oppose tant ?

ABO : Allez lui poser la question ! Mais cette question lui avait déjà été posée et j’ai été surpris par ses propos !

Voilà quelqu’un que nous avions soutenu dans sa quête d’une réélection à la tête de l’Union africaine.

AF : N’est-ce pas là où se focalise le problème ? L’avez-vous vraiment soutenu  dans cette période ?

ABO : Je lui ai moi-même posé la question en disant : ‘’Jean, allez-vous être à nouveau candidat ?’’ Question à laquelle il m’a répondu : ‘’Je ne sais pas’’. À ce moment, je lui ai proposé d’y réfléchir, et que s’il répondait par l’affirmative, il fallait que l’on se prépare. Plusieurs mois après, il est revenu pour me dire qu’il était prêt, et il m’avait même dit : ‘’ Je suis un soldat, je fais ce qu’on me dit !’’. J’ai insisté, et il m’a dit qu’il était candidat. La campagne, c’est lui qui la préparait, je lui ai dit que, maîtrisant mieux le terrain, il lui revenait de nous dire ce dont il avait besoin.

J’ai écrit à tous les chefs d’État africains individuellement pour leur dire que Jean Ping allait être candidat et que je soutenais sa réélection. Ensuite j’ai écrit aux présidents des sous-régions africaines pour leur dire la même chose. Nous avions donc un plan de campagne élaboré par lui-même et par ses soins. Il a ensuite fait la liste des pays où il irait lui-même, et ceux dans lesquels nous enverrions des délégations, ce que nous fîmes. Quant au budget de la campagne, il l’a lui-même fixé et il avait été entièrement mis à sa disposition avec les moyens de transports. Si cela n’est pas une façon d’aider, alors qu’est que cela représente ?

Le soutien de Jean Ping nous a quand même amené à avoir une période un peu tendue avec l’Afrique du Sud, première puissance du continent à l’époque, mais malgré tout nous avons soutenu notre compatriote jusqu’au bout. Il a raté l’élection de peu et il a quand même continué, le temps que l’on aille vers une deuxième élection. Alors pourquoi se préoccupe-t-on tant de la manière dont nous l’avons soutenu ou pas, vu que nous, nous ne nous préoccupons pas de la manière dont il a fait sa campagne ? Et quelle a été sa performance en tant que président de la Commission ? Si cette performance avait été aussi extraordinaire et aussi bonne, il aurait été réélu dans un fauteuil, voilà !

Je ne voudrais pas que l’on passe le temps à discuter de tout cela, je vais conclure sur ce sujet. Monsieur Jean Ping a fait une déclaration en  disant que nous l’empêchons de travailler, qu’il soit clair. Quels sont les contrats que nous aurions rompus pour lui ou pour sa famille ? Qu’il soit clair !

AF : Que devons-nous comprendre par-là, monsieur le Président ?

ABO : Monsieur Ping a dit dans sa déclaration que nous nous en prenions à sa famille et que nous l’empêchions de travailler. Au cours de l’entretien que nous avons eu la dernière fois qu’il est venu me voir, il me disait qu’il allait ouvrir un cabinet de consulting basé à Abidjan. Mais quelques mois après, il fait une déclaration disant qu’on l’empêchait de travailler, lui et sa famille, et qu’à cause de cela, il n’avait plus rien à voir avec nous !

AF : Mais s’il le dit, il n’est pas dans le fantasme, Monsieur le Président, c’est qu’il s’est bien passé quelque chose

ABO : C’est pourquoi je vous dis de lui poser la question. Qu’il vous dise clairement ce qui s’est passé, quels sont les contrats que nous avons rompus, et de quelle manière  nous avons empêché sa famille de travailler. Les membres de sa famille travaillent tous bien ici, je ne sais pas qui nous avons empêché de travailler. Au passage, il a oublié de vous dire que lorsqu’il avait été nommé directeur de cabinet, c’est alors que nous vîmes apparaître certains de ses parents venant de Chine qui sont pour certains des hommes d’affaires avec un certain succès ici. Nous ne les avons jamais empêchés de travailler. Là aussi je souhaite que les gens soient clairs et arrêtent de dire des ragots. Quel projet avons-nous rompu ? Posez-lui la question, car j’ai l’impression qu’il y a un certain nombre de choses que vous laissez dire, et vous n’allez jamais jusqu’au fond, pour poser des questions avec précision.

AF : On les lui pose, Monsieur le Président et nous allons parler aussi de cette opposition, parce qu’il n’y a pas que Jean Ping dans l’opposition. Il y a une coalition qui est contre vous, nous allons en parler dans la seconde partie du « Débat africain », dans une dizaine de minutes juste après une nouvelle édition du journal  sur Radio France Internationale. Nous allons parler également de votre bilan, ce que vous avez fait jusqu’à maintenant. Nous sommes dans la cinquième année, il y a eu beaucoup de promesses. L’on parlera de l’énergie et beaucoup d’autres sujets, et même de l’audit sur Total. Rendez-vous juste après une nouvelle édition du journal sur RFI.

AF : Une manifestation de l’opposition qui se termine par la mort d’un manifestant, pourquoi en est-on arrivé là ? Comment expliquer cela ? Comment vous retrouvez vous tout seul contre cette coalition de l’opposition contre vous?

ABO : Je ne suis pas tout seul premièrement, j’ai  pour moi le fait d’avoir été élu par le peuple.

AF : Ce que certains continuent de contester, Monsieur le Président !

ABO : S’ils contestent, qu’ils attendent tout simplement en bons démocrates, qu’ils respectent la Constitution, qu’ils respectent les institutions et qu’ils attendent la prochaine élection pour démontrer que c’est leur programme que le peuple gabonais choisira par rapport au mien. Lorsqu’on est un démocrate convaincu, c’est comme cela qu’on agit. Nous sommes en face d’un certain nombre de politiciens qui ne veulent respecter ni la Constitution ni les textes en vigueur, et notamment la Constitution dans son article 3, qui dit  que la souveraineté appartient au peuple.

AF : Mais c’est le peuple qui était dans la rue

ABO : Le même article 3 de la Constitution dit qu’aucune partie du peuple, aucun groupe, aucune section ne peut prétendre parler au nom de tout le peuple.

AF : Dans ce cas, on ne peut pas mettre tout le peuple dans la rue. Il faut bien qu’une partie commence à manifester…

ABO : C’est bien que la loi prévoie ces mécanismes-là. Manifester est un droit reconnu par les lois, il n’y a pas de problème à ce niveau-là, mais ne pas respecter la Constitution, c’est autre chose. Ainsi le choix du peuple a été clair en 2009. Vous contestez  le choix du peuple pour le candidat du PDG, vous attendez les prochaines consultations électorales, vous dites que le programme du candidat du PDG n’est pas bon, et à ce moment-là vous leur dites que vous avez un meilleur programme et ce sera au peuple de choisir et trancher.

AF : Si vous n’êtes pas dans la fébrilité, pourquoi ne pas laisser manifester ceux qui vont  descendre dans la rue et  qui vont dire cela d’une autre manière

ABO : Mais comment voulez-vous qu’on laisse manifester des gens qui ne veulent pas reconnaître les institutions et la loi, et qui font des appels à la violence et à la haine ? Voulez-vous les laisser manifester ?

AF : S’ils ne représentent rien, tel que vous le dites, ils ne sont pas une réelle menace 

ABO : Ils sont une menace pour la sécurité des personnes et des biens, car chaque fois qu’ils vont dans la rue avec ces messages de haines, ils cassent, et ça c’est la violence. D’ailleurs cela s’est terminé tragiquement  par la mort d’un de nos compatriotes à cause de la haine, et qui, contrairement à ce qui a été dit, n’a pas été tué par les forces de l’ordre.

AF : Mais par qui a-t-il été tué monsieur le Président ?

ABO : L’enquête est en cours, monsieur Foka

AF : Êtes-vous formel que ce n’est pas la police ?

ABO : Nous somme formels que ce n’est pas la police qui a tué ce compatriote et les images le démontrent.

AF : Dans le message que vous avez adressé au peuple pour les vœux, vous avez parlé de dialogue, est ce que le moment n’est pas venu de parler avec ceux-là, de discuter avec eux pour que revienne la paix tout simplement ?

ABO : Monsieur Foka, encore une fois, je n’ai pas cessé de dialoguer, et j’ai répété que je suis un homme de dialogue. Et durant toute ma carrière cela a été le cas. Même sous le parti unique, moi je faisais partie de ceux qui voulaient le dialogue, qui voulaient plus de démocratie par rapport à certains qui sont aujourd’hui en face de moi et dont vous semblez oublier – je ne voudrais pas vous accuser d’une certaine amnésie- que ce sont les mêmes personnages que vous critiquiez à l’époque, qui aujourd’hui veulent se vêtir d’une vertu de grands démocrates alors qu’ils ne l’ont jamais été.

AF : On a l’impression que vous avez envie de vous débarrasser de tout le monde

ABO : Je n’ai pas envie de me débarrasser de tout le monde, ceux qui se retrouvent dans cette situation-là sont ceux qui quittèrent déjà le navire du temps de mon père, et ce sont eux-mêmes qui l’ont bien choisi. Et le dernier en date est Monsieur Ping qui dit qu’Omar Bongo n’avait pas été élu en 1993 alors que lui il avait été un grand collaborateur du Président. Ce n’est quand même pas moi qui l’ai dit, c’est lui ! Et tous les autres, ce sont des gens qui étaient avec lui dans notre parti et qui ont choisi de le quitter.

AF : Mais peut être devriez-vous vous interroger pour savoir pourquoi ils décident tous de vous quitter aujourd’hui, alors qu’ils sont restés avec votre père

ABO : Non, pour la plupart, ils n’étaient pas restés avec mon père. Il y a une petite partie d’entre eux qui ont quitté le navire après les élections présidentielles. C’est la première fois, et c’est cela qu’il faut retenir monsieur Foka. Depuis 1990, nous ne sommes pas dans un gouvernement de coalition. Ça fait 5 ans que nous ne sommes pas dans un gouvernement de coalition, et nous avons mis en place un programme qui porte ses fruits. Mais il y a un certain nombre de personnalités qui se rendent compte qu’elles ne pourront pas tirer profit  des fruits que ce programme est en train d’apporter et développer, et donc il serait temps selon eux de faire suffisamment de bruit pour pouvoir nous amener à un gouvernement de coalition qui leur permettrait de refaire ce qu’ils n’ont pas cessé de faire depuis 20 ans, c’est-à-dire être à l’intérieur, pourrir la situation et nous empêcher de travailler. Entre nous, connaissez-vous le programme de mes adversaires ?

AF : Ils  ne sont peut-être pas encore en campagne

ABO : Personne ne connaît leur programme. Si ! ‘’Ali dégage !’’ Ce serait lié à cela, ce slogan est-il un programme ? Pourquoi soutenez-vous le fait qu’il faille avoir deux types de démocraties différentes en Occident et en Afrique ? Pourquoi ce parti qui a gagné les élections et qui dirige n’est pas appelé à partager le pouvoir ? Pourquoi en Afrique lorsqu’un parti gagne les élections, on lui demande forcément de partager le pouvoir ? Et pourquoi soutenez-vous de telles attitudes et agissements?

AF : Parce que les élections ne se passent pas toujours comme elles se passent en Occident

ABO : Monsieur Foka, les élections que nous avons eues ont été bien perçues par la communauté internationale. Nous avions des observateurs qui se sont prononcés, y compris les observateurs envoyés par monsieur Ping qui était à cette époque président de la Commission de l’Union africaine.

AF : Monsieur le Président vous avez été élu sur la base d’un programme comme vous le dites, et vous avez promis beaucoup de choses : avec le Gabon émergent, vous avez promis de faire reculer la pauvreté. Cinq ans après, quasiment le tiers de la population vit toujours dans la précarité. Où sont les résultats dont vous avez parlé, qu’est ce qui a changé réellement au Gabon ?

ABO : Laissez-moi d’abord-vous indiquer quelques petites choses. Lorsque je suis élu, je vais devant mes compatriotes avec un triptyque : Paix –Développement –Partage. Partage voulait  dire par là réduction des inégalités pour qu’il y ait un partage plus égal des richesses. Je leur ai expliqué que pour qu’il y ait ce partage, il fallait qu’on propose un plan de développement. L’une des premières choses que nous avons faites était de décider du niveau de notre engagement en matière d’investissement. Je parle en francs CFA. Avant 2009, le budget d’investissement était de 200 milliards de francs CFA. Lorsque nous sommes arrivés, tel que nous l’avions annoncé, nous avons décidé de le porter à 600 milliards de francs CFA.

Et c’est cela qui nous a permis de passer de 2009 d’un taux de croissance négatif de 0,9 % à un taux de croissance positif de 6% jusqu’à présent.

Nous avons donc mis en place une commission. Parce que je voulais être sûr que rien ne me serait caché, que j’aurais réellement les résultats des travaux de cette commission, j’ai demandé à la Première dame de présider les travaux de cette commission. Cette commission m’a rendu son rapport qui révèle que nous avons aux alentours de 30% de la population qui vit dans la précarité et que cela touche à peu près 95 000 foyers. Si vous n’êtes pas un dirigeant fort et si vous n’avez pas le soutien de votre peuple, vous ne faites pas cela. Je dis voilà le rapport : il nous dit qui est pauvre au Gabon, où sont les pauvres et pourquoi ils sont pauvres ?

AF : Maintenant pour édifier les pauvres, on fait quoi ?

ABO : A partir de là, nous avons tenu des assises sociales et nous sommes sorti avec un pacte que nous appelons le ‘Pacte social’. Grâce à la tenue de ces assises, j’ai pu annoncer un certain nombre de choses. Chose importante que nous avons pu annoncer, c’est que sur les trois prochaines années, nous allons consacrer 250 milliards de francs CFA pour la réduction de la pauvreté en suivant des recommandations notamment avec les activités génératrices de revenus et un soutien conditionné pour aider les populations ; c’est 250 milliards de francs sur les trois prochaines années, M. Foka. Ce n’est pas en cinq ans que j’ai créé 30% de pauvreté, c’est donc une situation qui existait. Mais moi, à la différence de ceux qui parlent, j’ai agi et j’ai voulu savoir pourquoi et où et comment nous allions sortir de là. Par exemple sur le plan de l’agriculture, nous venons de lancer un programme important que nous avons appelé Graine. Sur les cinq prochaines années, nous allons développer 200.000 ha de terres arables avec l’objectif de réduire notre indépendance alimentaire qui est très importante. Nous dépensons près de 300 milliards de francs CFA tous les ans, surtout à l’extérieur. Donc, ces 300 milliards peuvent être injectés dans l’économie locale. Ce programme va nous permettre de faire quoi ? Il va nous permettre de développer 200.000 ha sur les cinq prochaines années avec un programme et des critères bien choisis. Nous allons permettre à chaque Gabonaise et à chaque Gabonais retenu dans ce cadre-là de pouvoir se voir remettre un permis agricole sur 7 ha sur lesquels il pourra développer un certain nombre de produits.

AF : Vous donnez les terres…

ABO : Nous donnons aux Gabonais, aux Gabonaises qui rentreront dans ce programme 7 ha sur lesquels ils ou elles seront donc accompagnés techniquement, parce que c’est un partenariat public-privé. Techniquement accompagnés et financièrement accompagnés : la société qui va les accompagner garantit le rachat de la production, et sur un demi hectare vous serez en mesure de pouvoir cultiver ce que vous voulez, construire ce que voulez.

C’est un partenariat entre Olam et la République gabonaise. Ce programme va nous voir aussi développer 3000 km de routes non bitumées, mais aussi la construction d’écoles,  de dispensaires et de logements.

AF : Vous comprendrez qu’on dise pourquoi seulement maintenant ? Êtes-vous déjà en campagne pour 2016 lorsque vous annoncez tout ceci ? Vous avez été là depuis 2009, pourquoi seulement maintenant ?

ABO : Monsieur Foka, depuis 2009 je n’ai pas croisé les bras. Nous avons réformé le secteur du bois. Lorsque nous avons pris la décision d’interdire l’exportation des grumes, c’était en fait pour booster ce secteur. Nous sommes arrivés à la conclusion que ce qui est important pour nous est de créer des emplois et avoir plus de richesses. Il faut donc transformer localement. Et ça c’est un programme qui est vaste. J’ai fixé 2020 comme l’année où nous n’exporterions plus rien sans une première transformation au Gabon. Pour le bois, la décision que j’ai prise – un moment tant décriée – nous a permis une augmentation de  40% du nombre d’usines de transformation et 79% d’augmentation du volume de bois transformé. Nous sommes passés de 4 000 à 7 000 emplois dans ce secteur. Nous pouvons envisager d’ici un an ou deux de voir la troisième transformation du bois au Gabon. Dans le secteur industriel, nous avons commencé en 2014 la production de silico-manganèse, car nous sommes un des plus grands producteurs de manganèse. Mais, curieusement, nous n’exportions que du manganèse brut : sa première transformation, elle sera maintenant désormais faite ici au Gabon et cette usine a déjà commencé cette transformation. J’irai inaugurer ce complexe dans quelques mois. Il faut savoir que c’était la dernière sortie du Président Omar Bongo en 2009. Cette usine qui commence la  transformation nous amène aussi à avoir en complément une école des mines : nous pourrons former des techniciens et des ingénieurs pour accompagner. Nous avons entre temps créé une société des mines qui va donc aussi s’occuper des autres projets miniers notamment ceux de l’usine de fer de Belinga. Nous avons aussi maintenant une société nationale du pétrole.

AF : Je voulais parler justement du pétrole, Monsieur le Président

ABO : Et cette première société, cette société nous a permis de pouvoir exporter nous-mêmes notre propre pétrole.

AF : C’est pour cela que vous vous en prenez à Total, pourquoi cet audit chez Total et chez Addax ?

ABO : Nous avons d’abord voulu auditer tous les secteurs. Il serait faux de penser que c’est uniquement le pétrole. Nous avons audité le bois, nous avons audité les mines, et nous avons donc audité le secteur pétrolier. C’est un réflexe naturel et normal, on veut savoir ce qui se passe dans certains secteurs.

AF : Les 805 milliards de redressement ça fait quand même un peu …

ABO : Monsieur Foka lorsque nous avons fait cet audit, nous avons découvert un certain nombre de choses.

AF : Quoi donc?

ABO : Bon, c’est un certain nombre de malversations qui ont fait en sorte que nous puissions envisager quelques redressements. Donc il y a certaines sociétés citées avec qui on a terminé. Avec Addax, c’est fait.

AF : C’est une société chinoise

ABO : C’est une société rachetée par un groupe chinois, qui est maintenant chinoise. Puis on a auditionné toutes les sociétés dans le secteur.

AF : Quand on regarde un peu, s’attaquer à Total qui a été le successeur de Elf, et qui était particulièrement puissant dans ce pays, ce n’est pas un signal ?

ABO : Je suis en train de vous dire que nous avons auditionné tous les secteurs, donc quand on audite tous les secteurs, ça voudrait dire qu’il y’a certains qu’il ne faut pas auditer, c’est ce que vous êtes en train de me dire ? Il faut auditer d’autres, mais certains non ? C’est ce que vous êtes en train de me dire ?

AF : Je ne dis rien, je remarque que Total a été touché.

ABO : Mais pourquoi il n’aurait pas été touché ?

AF : Fortement touché, 805 milliards de redressement fiscal.

ABO : Mais l’audit ne s’est pas seulement arrêté à Total, je suis en train de vous dire que toutes les sociétés du secteur ont été auditées.

AF : Quelles sont les relations entre la France et vous ?

ABO : Très bonnes. L’audit d’une société ne peut pas remettre en cause les relations que nous avons avec un pays. C’est dans le cours normal des choses et l’administration fiscale vérifie toujours si les sociétés s’acquittent de leurs impôts. C’est dans tous les pays du monde.

AF : Si je parle de la France, c’est parce que certains de vos proches se sont plaint de certains articles parus en France. Récemment encore de ceux qui parlaient de votre parc automobile…

ABO : (Rires), oui  encore une fois.

AF : Impressionnant parc automobile !

ABO : Encore une fois cela montre un peu la pauvreté d’arguments alors qu’on devrait regarder le bilan et l’action. On va essayer de divertir les gens avec des choses où l’on espère voir le peuple gabonais dans la rue. C’est totalement ridicule. D’abord le rapport est faux. Nous n’avons pas commandé autant de véhicules. D’ailleurs quand je vois le chiffre, ça voudrait dire que j’aurais un parc extraordinaire avec près de 60 Rolls et ça c’est … Je peux vous amener voir mon garage, et vous n’en verrez pas autant. Il y a un amalgame entre les véhicules privés – certains que j’ai depuis 15 ans -, les véhicules de mon père et les véhicules officiels, tout un amalgame. Les photos, ça ne nous inquiète pas : sinon, il n’y aurait jamais eu de photos. Nous n’avons rien caché. Ces véhicules ne sont pas enfermés dans un garage. Je me déplace et je roule avec, je suis transparent de ce côté-là. Ces documents viennent de quelqu’un qui a très mal travaillé et qui a été renvoyé. Ferais-je des choses aussi ridicules ? Je fermerais un aéroport pour pouvoir rouler avec mes voitures. Mais enfin, on me prend pour qui ? Il y a des remarques qui sont quand même un peu teintées de racisme : ‘Ces Africains, ce sont eux qui font un peu n’importe quoi !’. On n’irait jamais imaginer qu’un dirigeant européen puisse aller fermer un aéroport pour se promener avec ses voitures. Mais quand il s’agit d’un africain, alors là on se gêne pas pour mettre sur la table un certain nombre d’allégations comme celles-là pour dire qu’avec les Africains, on peut s’attendre un petit peu à tout. Je suis désolé mais ce genre de petites remarques sont quand même un peu teintées de racisme. Je vous préviens M. Foka : dites à vos amis que ce sont des procédés qui sont un peu bas et qui ne les honorent pas. Tout le monde sait ici au Gabon que je n’ai pas besoin de fermer des aéroports pour rouler avec mes véhicules et que je ne me cache pas pour rouler dans les véhicules qui sont les miens. Ai-je commis un crime M. Foka ? Ai-je commis un crime en ayant de beaux véhicules ? Quel est le crime que j’ai commis ?

AF : Peut-être d’avoir dilapidé les deniers publics.

ABO : Je n’ai pas dilapidé les deniers publics. Il y a des véhicules de l’État qui me permettent d’accueillir toutes les personnalités qui viennent. Certains sont les miens et sont privés : je les ai depuis longtemps et, si j’en ai fait l’acquisition, ça vient de ma ‘propre poche’ pour parler familièrement. Je ne mélange pas, je ne suis pas dans ce genre-là. On s’étonne de temps en temps qu’il y ait des manifestations au Gabon, mais quel est le pays où il n’y a pas de manifestations ? Vous-mêmes vous vivez à Paris ? Est-ce qu’il se passe un seul jour en France sans une manifestation ? Est-ce pour autant une raison d’exiger le départ du Président ? Je n’ai pas entendu ça. Pourquoi ferait-on les choses différemment en Afrique ?

AF : Merci en tout cas Monsieur le Président de nous avoir reçu.

ABO : Merci de m’avoir donné la possibilité de vous éclairer sur certains sujets. J’aurais préféré parler de sujets plus importants pour mon pays comme pour moi-même. Je crois que nous en avons parlé, mais pas suffisamment à mon goût.

AF : On reviendra certainement

ABO : Vous êtes le bienvenu

AF : Le « Débat africain » est à présent terminé. Nous promettons de revenir ici à Libreville dans quelques semaines pour donner la parole à l’opposition lors d’un autre « Débat africain » consacré au Gabon. A très vite, dans un instant une nouvelle édition du journal sur RFI.

 

NB : retranscription et photo : DCP

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